Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

" Du polar ", avec François Guérif : un livre qui donne envie de lire... beaucoup

" Du polar ", avec François Guérif : un livre qui donne envie de lire... beaucoup

Cela fait un moment que l'on attendait ce livre, sorte de confession, retour en arrière, par François Guérif, directeur et fondateur des éditions Rivages/Noir, devenues cultes au fil de plus de 25 ans de publications rigoureuses. Il s'est longuement ainsi confié à Philippe Blanchet, fin connaisseur du genre et du coup, mieux qu'une interview dans un journal, cela donne un panorama, pas exhaustif, mais assez large du champ du polar. Il y a un côté historique dans Du polar, un côté analytique (sans être gonflant), une vision du polar américain, français mais aussi anglais et scandinave. Guérif évoque aussi son parcours, à travers les revues, les projets avortés, les rencontres importantes. Et puis il y a les anedcotes et nous, petite groupies que nous sommes, ça nous plaît bien toutes ces histoires avec le Dog, Bunker, Crumley, Robin Cook...

François Guérif nous rappelle ainsi qu'en 1987, Rivages n'est pas au mieux de sa forme financière et qu'Ellroy arrive à point nommé. Le manuscrit de Lune sanglante lui parvient, il s'enthousiasme. Un coup de fil à l'agente qui lui dit " okay, mais c'est une trilogie ! " Le patron de Rivages n'est pas très chaud mais Guérif tient bon. Lune sanglante sort et créé un léger frémissement. C'est Manchette qui, en écrivant, une chronique enthousiaste dans Libé va déclencher le phénomène Ellroy en France. Douce époque...

On suit également l'amour de Guérif pour Thompson dont il insiste pour qu'il soit le numéro 1 de la collection. Puis il évoque le souvenir d'Hillerman. Oh, il n'y a que deux pages sur l'auteur du Voleur de temps mais c'est ce travail d'édition, en faveur d'un auteur inconnu en France qui est intéressant. C'est là aussi que l'on voit qu'un éditeur a du nez : en publiant des polars chez les navajos, un truc assez inimaginable à y regarder de plus près.

Pour Bunker, là, c'est carrément Ellroy qui insiste pour qu'il le lise, le publie puis, in fine, vienne le rencontrer à Los Angeles. François Guérif rapporte quelques scènes assez croustillantes. Mais le meilleur de ce livre d'entretien se passe autour de la figure tutélaire de Robin Cook, un homme qui manque visiblement beaucoup à l'éditeur. L'auteur a créé un vide sans doute mais plus encore, l'homme, l'ami : " je pense régulièrement à lui. Ma femme dit qu'il est pour nous un ange gardien. " Guérif rapporte que Cook avait fait mettre 500 livres de côté dans un pub anglais pour que ses potes aillent boire à sa santé le jour de ses funérailles... La classe, quoi.

Du coup, en lisant " Du polar ", on se ressert un verre de Bowmore, ce beau whisky des îles Islay et puis on scrute sa bibliothèque, pour voir quels romans cités il nous manque encore. Merci monsieur Guérif.

P S : Ah petite question sans réponse : comment s'est fait le choix judicieux sur la collection poche de ces photos tramées en couverture ? Qui a eu ce coup de génie ?

Du polar, entretiens avec Philippe Blanchet, Manuels Payoyt, 302 pages, 20 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article