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The killer inside me

Littérature noire

Les sanglantes affaires de l'Afrique du Sud sous la plume violente de Mike Nicol

Les sanglantes affaires de l'Afrique du Sud sous la plume violente de Mike Nicol

Trafic d'armes, trafic de diamants, trafic de stupéfiants bien sûr, corruption des élus, des flics aussi, violence à tous les étages... La dette de Mike Nicol est l'antithèse d'un guide touristique pour se balader en Afrique du Sud. On connaissait le pays via, notamment, les romans de Deon Meyer, cette fois, c'est un journaliste, très au fait du quotidien de ses concitoyens, qui balance une histoire qui s'étale sur de longs mois, avec deux anciens trafiquants d'armes, recasés dans la protection de riches visiteurs. Et la personnalité de ce duo, combiné à la richesse de l'intrigue, laisse penser à une future belle série.

Mace et Pylon ont quelque chose comme 40 ans et de la testostérone à revendre. S'ils sont aujourd'hui gardes du corps pour les Américains friqués qui viennent au Cap se faire un safari de chirurgie esthétique, quelques années avant, ils travaillaient l'AK 47, le UZI, le lance-roquettes... dans des trafics au profit de l'ANC ou d'autres partis en quête d'émancipation. Autant dire qu'ils ont connu des situations de tensions extrêmes mais qu'ils ont fréquenté également une partie du gratin qui se trouve maintenant au sommet de la société. Et forcément un tel parcours laisse des traces. Des dettes aussi.

Dont une, que Mace doit honorer auprès d'un patron de discothèque menacé par un groupuscule islamiste. Et une dette en entraînant une autre, le duo (très papas poules par ailleurs) accepte un sulfureux marché d'armes... Mike Nicol construit son roman avec beaucoup de patience, introduisant tranquillement ses personnages secondaires (belle et vénéneuse Sheemina) et laissant grimper le thermomètre par le biais de personnages passablement sulfureux, avec des dialogues tendus comme des cordes d'arc. On pense notamment à une scène à Luanda, totalement hallucinante, entre carnaval, chats crucifiés, voitures sans tableau de bord et un stock d'armes gardé par un rasta ! Des pages prodigues en soleil et en hémoglobine.

La dette est un polar à la construction parfaite, Mike Nicol ne tourne pas autour du pot, ne donne pas non plus dans la surenchère mais au contraire expose une réalité terrible, qui sonne juste à nos oreilles de petits blancs européens. L'occident ne veut entendre parler de l'Afrique du Sud que lorsque Mandela choppe un rhume : l'auteur nous rappelle que ce pays qui s'est soulevé, qui s'est libéré, vit désormais dans une violence inscrite dans les moeurs, dans une démocratie à la criminalité incontrôlable. Bonne nouvelle : la série Mace & Pylon devrait se poursuivre avec Killer Country et Black Heart.

La dette, éditions Ombres Noires, 55 pages, 22 euros.
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