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The killer inside me

Littérature noire

Lorenzo Lunar entre sexe et trafics dans La vie est un tango

Lorenzo Lunar entre sexe et trafics dans La vie est un tango

Jolie découverte chez Asphalte ce mois-ci : Lorenzo Lunar, avec La vie est un tango. Un roman serré qui se détourne de Santiago ou de La Havane pour s'implanter à Santa Clara, ville surtout célèbre pour son mausolée dédié au Che. Et désormais pour son flic, Léo Martin. Un quadragénaire qui a fait les 400 coups pour la Révolution, y compris en Afrique, dans les troupes commandos et sous la bannière de la lutte de libération communiste. C'est un lieu commun de dire que le décor est le personnage principal. Mais c'est vrai que dans La vie est un tango, l'ambiance cubaine, associée à une fausse torpeur provinciale donnent un cachet unique, une couleur précise.

J'ai la plus grande admiration pour le travail de Daniel Chavarria (La sixième île, Adios muchachos et surtout Un thé en Amazonie, son chef d'oeuvre) mais celui-ci travaille une dimension romanesque d'aventures. Alors que Lorenzo Lunar fait du local. Superbement. Avec moult détails.

Ainsi, le lecteur est véritablement dans la cuisine de la mère de Léo quand celle-ci prépare ses pattes de poulet, il est dans le commissariat quand César, son supérieur, lui cherche des poux, il est même dans la chambre quand Léo se tape sa maîtresse... C'est que Lunar a réussi à pondre un personnage génial : un flic sans ordinateur, sans hélicoptère, sans voiture de course mais avec une libido galopante. Une libido qu'il ne contient pas, qui désespère sa mère et le rend, finalement, assez malheureux. L'enquête ? Le jeune Maïkel s'est fait trucider chez lui. Plutôt inhabituel dans un pays, une ville, où les meurtres sont généralement liés à la boisson. Un trafic de lunettes de luxe est soupçonné. Voire plus...

Lorenzo Lunar avance doucement, en poète, nous présentant un catalogue de personnages incroyables, aux surnoms évocateurs. La vie cubaine, ses coupures d'électricité, ses situations kafkaïennes, ses pénuries d'essence sont les croches et les doubles croches qui rythment ce tango irrésistible et gorgée d'une belle mélancolie. On espère très vite retrouver cet auteur.

La vie est un tango, édition Asphalte, 158 pages, 18 euros.
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