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The killer inside me

Littérature noire

Jean-Hugues Oppel : " j'accumule de la doc pour écrire un western financier "

Jean-Hugues Oppel : " j'accumule de la doc pour écrire un western financier "

Il y a là Marie Ferranti, Didier Daeninckx, Denis Parent, Antoine Blocier, Antoine Albertini...bref ils sont plus d’une vingtaine d’auteurs, sur le quai des Martyrs de Bastia, invités de Corsicapolar et œuvrant principalement dans la littérature noire (okay pas Marie Ferranti mais c'était cool qu'elle soit là non ?). Parmi eux, Jean-Hugues Oppel, un des piliers des éditions Rivages, un des monuments du polar français. Cet hiver il est revenu chez les libraires avec Vostock, sombre affaire de minerais rares au fin fond de l’Afrique. Tirs croisés entre deux Pietra, à l'ombre du bar Le Petit Palace.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour sortir Vostock, près de sept ans ?
En fait, c’est un quinquennat : de 2007 à 2012. Mais ça n’a rien de politique. Un brave routier bulgare, au volant de son 38 tonnes espagnol, a pulvérisé ma Super 5 sur une route du Loiret. J’ai été blessé. Physiquement et moralement. J’ai fait une dépression et je n’arrivais plus à écrire. Certains créent dans la douleur. Ce n’est pas vraiment mon cas, il faut que je sois bien dans ma tête. Je procrastinais à mort. Et puis j’ai ressorti mes vieux manuscrits de SF qui sont toujours sur mon bureau. Notamment un qui parlait d’un métal précieux, sur une lointaine planète... C’est devenu Vostock.
Il se dit que vous aviez autre chose en tête ?
Oui, j’ai un projet ambitieux : un western financier, à plusieurs voix, comme a su si bien l'écrire Tom Wolfe. J’accumule de la doc depuis des années sur la Bourse, sur les matières premières, sur les terres rares encore, comme dans Vostock. Je vais même parler de la dernière folie à Londres : acheter des immeubles au plus près de la City, pour gagner du temps au boulot, des micro secondes ! Ce monde de dingues me fascine. Il faut que j’arrive à rendre le tout suffisamment festif. Mais c’est vraiment de la folie furieuse cette société. Songez tout de même que l’humanité, aujourd’hui, produit assez de richesses pour que la planète vive bien. Eh bien non ! Un film comme Margyn Call restitue assez bien ce que j’ai envie d’écrire. Savoir que des gens vous vendent des actions qu'ils n'ont, eux-mêmes, pas encore acheté ! Voilà ce sur quoi je travaillais et puis ça s'est téléscopé avec Vostock... Bon, pour l'instant, je n'ai pas de date de sortie prévue, je n'en suis pas encore là.
Pas déçu de ne pas avoir percé dans la SF, votre premier amour ?
Non, car sans doute que les cinq ou six manuscrits que j’ai pondu était écrit comme un manche. Je suis arrivé trop tard sans doute. J’étais de la vieille école, celle d’Asimov. Très peu pour moi, les ambiances cyber punk. Mais bon, un ami m’a dit « la SF, c’est fini, lis plutôt Manchette ou Vautrin ! » Ce que j’ai fait. Et j’ai aimé ça.
La littérature jeunesse, c’est une parenthèse ?
J’adore. On peut parler à des gamins de 14 ans, des problèmes du pétrole, des trafics de médicaments. Et puis il y a un côté roman d’apprentissage comme avec Cinq minutes de prison, qui parle de hockey et du rapport entre les filles et les garçons. Il n’y a pas de censure, il faut juste faire un peu plus attention.
Vous avez commencé au cinéma (avec Tavernier, Polanski), quelles chances de vous y revoir ?
Bof... Le cinéma français s’intéresse à la comédie, à l’étude de mœurs. Pas moi. Alain Berbérian a adapté mon roman Six Pack et ce fut le plus gros bide de l’année 2000 au cinéma français ! Je défendrais toujours Alain Berbérian parce que c’est un mec qui aime vraiment le thriller, qui en connait les codes, mais voilà, ça n’a pas fonctionné. Il le savait : il m'avait dit soit ça marche très bien, soit ça fait un flop... Alors j’ai eu des touches pour des scénarios mais le réalisateur voulait réécrire lui-même le scénario. Je ne vais pas faire dans la série télévisée, ça ne me plaît pas. Pagan, ça lui réussi mais ce n'est pas forcément glorieux, par contre ça a sans doute fait de lui un homme riche... Je suis très heureux comme je suis !
(Photo by Louis Vignaroli)

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