Littérature noire
10 Juillet 2013
Une préface d'Hunter S. Thompson, ça intrigue toujours. D'Oscar Zeta Acosta, auteur de ces Mémoires d'un bison, à la jeune maison d'édition Tusitala, le Gonzo dit " mon pote, mon frère, mon complice le plus cher... Faites place car il nous a quittés mais rien qu'à son souvenir, des vents terribles se lèvent et emportent tout sur leur passage. " C'est qu'Oscar Acosta, partenaire de Thompson dans Las Vegas Parano, était un drôle de numéro, physiquement imposant, il avait aussi une personnalité hors norme. Un écorché vif, un hyper sensible, bagarreur, fêtard évidemment, qui avait pris son métier d'avocat à l'aide juridictionnelle très au sérieux. Mémoires d'un bison raconte sa jeunesse à Riverbank, les bastons avec les gars de l'Oklahoma, avec les Californiens bon teint mais aussi ses doutes, sa folie. Voyage dans des années 60 marquées par la mescaline, la bière, les amphétamines et de gros pétards.
De sa jeunesse à Riverbank (Californie), dans les années 40, Oscar Acosta retient un père parti se battre face aux Japonais, une scolarité appliquée mais chaotique, des bagarres avec les Okies (immigrés d'Oklahoma) et des amourettes foutrement douloureuses. C'est ce qui tend ce roman autobiographique : la difficulté de l'auteur à trouver l'âme soeur. C'est comme s'il y avait une malédiction qui le fait tomber amoureux des mauvaises filles. Il y a bien Ruby, la prostituée qui l'a déniaisé à l'adolescence mais pour le reste, Acosta se plaint plutôt de son manque de bol et... de la pauvre taille de son sexe ! Il y a sans doute quelque chose de très freudien dans tout ça.
Mémoires d'un bison (le bison brun, c'est lui) démarre avec sa démission de son job d'avocat. Il prend la fuite et commence alors un drôle de road trip, où s'emmêle les souvenirs d'enfance, les réflexions sur son identité, ce qu'il fait de sa vie : écrire ou pas. Puis il y a ce passage énormissime à Alpine avec Hunter S. Thompson qui n'est pas encore devenu son ami. Saoûl et défoncé, Acosta prend deux amphétamines qu'il prend pour de l'aspirine. C'est épique, marrant et riche en hallucinations. Et cela va aussi, tout doucement, éveiller sa conscience politique, le faire s'interroger sur son identité, Mexicain pour les Yankees, et Américains pour les latinos.
Oscar Zeta Acosta a mystérieusement disparu en 1974. Jamais déclaré officiellement mort. Il a laissé un autre livre, Le soulèvement des cafards, que les éditions Tusitala devrait publier l'an prochain. En attendant jetez-vous sur cette tranche de vie déjantée.
Mémoires d'un bison, édition Tusitala, 309 pages, 20 euros.
Une préface d'Hunter S. Thompson, ça intrigue toujours. D'Oscar Zeta Acosta, auteur de ces Mémoires d'un bison, à la jeune maison d'édition Tusitala, le Gonzo dit " mon pote, mon frère, mon complice le plus cher... Faites place car il nous a quittés mais rien qu'à son souvenir, des vents terribles se lèvent et emportent tout sur leur passage. " C'est qu'Oscar Acosta, partenaire de Thompson dans Las Vegas Parano, était un drôle de numéro, physiquement imposant, il avait aussi une personnalité hors norme. Un écorché vif, un hyper sensible, bagarreur, fêtard évidemment, qui avait pris son métier d'avocat à l'aide juridictionnelle très au sérieux. Mémoires d'un bison raconte sa jeunesse à Riverbank, les bastons avec les gars de l'Oklahoma, avec les Californiens bon teint mais aussi ses doutes, sa folie. Voyage dans des années 60 marquées par la mescaline, la bière, les amphétamines et de gros pétards.