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The killer inside me

Littérature noire

Pourquoi je me suis ennuyé en lisant Canada de Richard Ford

Pourquoi je me suis ennuyé en lisant Canada de Richard Ford

Dans le cadre de " Des livres et délires ", l'émission radiophonique de RCFM, la station corse de Radio France (tous les lundis à 11 heures, au cas où), l'exercice commun aux cinq intervenants était de lire le dernier Richard Ford, Canada. Why not ? Je ne connais pas Richard Ford, je n'en ai jamais lu et les deux, trois critiques auxquelles j'accorde un semblant d'intérêt en disent du bien. Et pour tout dire, le sujet avait de quoi aiguiser la curiosité : l'histoire d'un gamin de 16 ans dont les parents, sans raison apparente, commettent un hold-up dans le Montana des années 60... Richard Ford est talentueux, il aime les mots et connaît les ficelles de la bonne littérature. Pourtant son Canada ne m'a pas fait tressaillir d'émotions. Désolé.

Il faut admettre, comme point de départ, que le lecteur soit mis dans la confidence dès la première page : les parents de Dell vont braquer une banque et se retrouver derrière les barreaux. L'auteur refuse toute sorte de suspense sur le fait divers, c'est un anti polar, pas de tension. Au moins dans cette première partie. On suit en fait la lente montée en folie du père de Dell, personnage très attachant, margoulin, ancien militaire, charmeur. Avec sa jumelle, un brin plus écervelée que lui, Dell est juste dans l'observation, jamais dans l'action. Il subit tout au long des 200 pages de la première partie. Franchement ? Cest long.

Plus rock'n'roll, plus enlevée, plus rythmée, la deuxième partie voit l'adolescent passer la frontière en clandestin avec une amie de sa mère et faire son apprentissage de jeune garçon auprès d'un patron d'hôtel. Là, le monde est plus sauvage, la nature aussi. On s'ennuie beaucoup moins dans ces pages là, même si Richard Ford, encore une fois, averti tout son monde quant à l'issue de cette aventure. C'est un choix littéraire de dire " voilà ce qui va se passer, n'attendez pas de rebondissements, je vais juste vous dire ce qui nous y a amené ". Pour le lecture de littérature noire, c'est un tantinet frustrant mais bon... Reste la troisième et ultime partie, la plus courte mais cette fois, l'auteur met de la tripe sur le papier, il se donne un peu plus et frôle peut-être même l'aventure personnelle. C'est émouvant au dernier degré, des retrouvailles entre frère et soeur d'une puissance rare, sans apitoiement, presque froid. Ce sont ces ultimes pages qui transforment le livre : Dell passant pour un spectateur tout du long de sa vie, en devient cette fois, un acteur. Trop tard ? Emet-il des regrets d'avoir ainsi passer sa vie à regarder les trains, sans jamais y monter ? Face à une soeur qui, elle, semble avoir vécue à 100 à l'heure ? Une façon aussi de montrer qu'un même événement, traumatisant et déterminant, peut avoir deux lectures, deux issues.

Canada, Richard Ford, éditions de l'olivier, 478 pages, 22 euros.
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