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The killer inside me

Littérature noire

Un Livre du roi qui tombe à plat pour Arnaldur Indridason

Un Livre du roi qui tombe à plat pour Arnaldur Indridason

Ce n'est pas une déception. Quoique... Arnaldur Indridason est un excellent écrivain et j'en veux pour preuve La voix, La Femme en vert, La cité des jarres... des polars lents, un brin poisseux, dans des contextes familiaux toujours explosifs. Et puis l'auteur a choisi de s'écarter de l'inspecteur Erlendur. D'abord avec La rivière noire, La muraille de lave, puis avec l'étonnant Betty. Et là, il passe vraiment à autre chose dans Le livre du roi. Mais sans la même flamme, la même habileté. A vrai dire, c'est quasiment indigeste.

Le sujet est remarquable pourtant : retrouver ce Livre du roi et son carnet de huit pages, écrit au XIVe siècle et longtemps disparu, changeant de mains, figurant parfois comme une légende. Un morceau d'Histoire pour les Islandais, une part énorme de leur société, comme un symbole de leur nationalisme. Il faut comprendre ce contexte pour appréhender la quête de ce professeur d'études nordiques en 1955 parti sur la piste du Livre du roi qu'il a livré, sous la contrainte, aux nazis pendant la 2nde guerre mondiale... Dans cette aventure, il sera accompagné de Valdemar, jeune étudiant fraîchement débarqué à Copenhague.

Indridason passe quasiment 80 pages à expliquer aux lecteurs non Islandais la genèse de la littérature et cela se traduit avec une pluie de patronymes évidemment compliquée pour nous autres. On se noie un brin dans ces Petursson, Thordarson, Halgrimsson. C'est le premier point. Après, il y a cette succession de péripéties à travers l'Allemagne de l'Est, de bouquinistes en antiquaires, en passant à travers les mailles du filet d'ex-nazis toujours obnubilés par la "pureté" des Islandais. Indridason veut rendre cela trépidant mais ça ne fonctionne pas, comme si un roman trop rythmé n'était pas dans ses cordes, lui, le spécialiste du temps étiré, le contemplatif, l'expert en névroses policières.Si on était méchant, on pourrait dire que c'est un peu risible, ce duo du vieux professeur et de l'étudiant. Quantà l'ultime scène sur le bateau qui ramène tout ce monde en Islande...

Précisons-là que Le livre du roi a été écrit en 2006 entre Hiver Arctique et Hypothermie (très bon, lui aussi). Pourquoi sort-il aujourd'hui ? Ce roman apparaît comme une tentative d'Indridason pour sortir de ses enquêtes d'Erlendur (comme Mankell) mais pas forcément une tentative réussie. Bien sûr, l'auteur vend bien et bénéficie d'une belle côte en France. Mais, pas sûr que ses lecteurs habituels s'y retrouvent.

Le livre du roi, édition Métailié, 355 pages, 21 euros.
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