La part de l'orage : une grappe de nouvelles aux tanins soyeux

Un livre qui célèbre le vin et les cépages. En voilà une aubaine en pleine période de vendanges (bon, dans le Sud, c'est presque fini mais dans la Loire, ça commence). La part de l'orage est, sauf erreur, le deuxième livre de Grégory Nicolas après Là où leurs mains se tiennent. Mais cette fois, l'auteur, professeur des écoles, choisit la formule de la nouvelle. Neuf au total, neuf autour d'un cépage. Une idée géniale et un pari largement remporté, grâce à l'enthousiasme de ce jeune écrivain, grâce aussi à ses belles connaissances sur la vigne.

La première nouvelle, sur le cabernet franc, se veut un peu didactique, sur la fonction du tanin notamment, les équilibres. Mais très vite, Grégory Nicolas se laisse emporter par son histoire et sa poésie " une moustache comme celle-là, c'est un pari sur l'avenir, c'est une confiance en soi inébranlable, un doigt d'honneur adressé à la mort. " De pages en pages, l'auteur manie l'humour, l'ironie et les bons mots. Il y a de la gourmandise dans ces pages, de l'admiration aussi pour ceux qui font du bon vin, pour Antoine Blodin, pour son père enfin, lorsqu'il évoque le grenache. La part de l'orage se termine par un bel exercice de fiction, autour de la Syrah, dans une France hygiéniste qui aurait interdit la consommation du vin. Livre de plaisir, livre de déclaration d'amour au vin comme il en existe finalement très peu, La part de l'orage montre aussi la palette littéraire de cet auteur à suivre.
Ce beau livre, chez un éditeur, Rue des promenades, qui a confié les illustrations à Singeon, vaut toutes les bonnes bouteilles et aura vraiment sa place entre une Côte-Rotie et un Madiran. Surtout : il ne devrait que se bonifier avec les ans.Et tant pis pour la loi Evin !

La part de l'orage, Grégory Nicolas, édition Rue des promenades, 115 pages, 8, 50 euros.