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The killer inside me

Littérature noire

60 kilos : la came et les femmes font rarement bon ménage

60 kilos : la came et les femmes font rarement bon ménage

Prisma Noir publiait en fin d'année 2013, 60 kilos de Ramon Palomar. Un polar fait de cocaïne, comme son titre le laisse supposé, de gitans, de femmes fantasmées, de vieux barons et d'une Espagne où les trafics sont depuis longtemps bien ancrés. Mais 60 kilos, c'est surtout l'histoire de la grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf. La grenouille ? Non, les grenouilles. Et dans le monde très hiérarchisé de la pègre, il faut être fort, et sévèrement burné, pour se faire calife à la place du calife... Charli bosse depuis quelques années pour Frigo, le caïd du côté de Valence, expert en poudre qu'il fait acheminer par Porto. Mais ce jour-là, Charli en a plein le dos et se tire avec les deux valises. Direction Madrid. Le road movie commence.

Evidemment lorsque le patron de la came apprend le sale tour que son lieutenant lui a joué, ça lui fait quelque chose. Il en vient à se demander s'il n'est pas trop vieux pour ce business. mais ces considérations ne durent pas : il mandate Mauro, alias Requin, ancien légionnaire, à la poursuite de Charli et des deux valises de coke. Mauro, comment dire. Ce n'est pas un poète. Plutôt une brute épaisse. Avec un coeur. Qu'il réserve pour une pute d'enfer : Amapola, créature de tous les vices. Bref, un premier road movie commence. Le second, c'est lorsque Frigo demande, la queue entre les jambes, à son rival gitan, Le marquis, de s'assurer que Mauro ne va pas le doubler. Là encore, le maître gitan va dépêcher ses deux neveux, deux dingues, qui ne jurent que par le chanteur gitan Camaron. Un duo croquignolesque mais über sauvage !

Ramon Palomar prend le temps de bien dessiner ces différents personnages et le lecteur s'y retrouve assez vite, tant chacun possède ses propres marqueurs. Alors, bien sûr, avec autant d'acteurs, les scènes de baston, de flingage, ne manquent pas, jusqu'à la dernière, énorme, qui n'est pas sans rappeler le mythique True Romance ! Et Palomar maîtrise très bien la dynamique de son roman, jusqu'au bout, sans tomber dans la facilité et parvenant même à suprendre. Il manque sans doute un personnage central pour bien se fixer dans la lecture, une sorte de cheville. La multiplicité des points de vue fait que l'on ne s'identifie à personne. Pourtant ils ne sont pas tous dégueulasses ces voyous, certains sont même assez sympathiques mais Palomar ne leur laisse pas le temps de s'incruster dans l'histoire. Un auteur que l'on suivra.

60 kilos, Ramon Palomar, édition Prisma Noir, 356 pages, 19 euros.
 
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