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The killer inside me

Littérature noire

Vengeance et cognac au menu des Chiens de Belfast par Sam Millar

Vengeance et cognac au menu des Chiens de Belfast par Sam Millar

Après deux romans, dont l'excellent Redemption Factory, et une étonnante confession, On the Brinks, Sam Millar, l'Irlandais, démarre une trilogie à Belfast, sa ville, autour du personnage de Karl Kane, détective privé quadragénaire, joueur de poker et amateur, il faut savoir se distinguer, de grands cognacs. Pas facile de renouveller le genre hard boiled, beaucoup a été écrit et parfois excellement. Dans ces cas-là, on craint le cliché appuyé, les clins d'oeil aux monstres du genre. Mais Sam Millar, justement, n'a pas biberonné aux auteurs classiques du polar. Son truc à lui, c'est la bande dessinée, les comics, le grand Stan Lee. Les chiens de Belfast, du coup, ce sont de grandes plages de dialogues et de l'action. Beaucoup d'action.

Détective ne roulant pas sur l'or, Karl Kane se voit proposer une enquête facile par un certain monsieur Munday. Trouver l'identité d'un cadavre dont on vient de parler dans la presse :un flingage en règle, corps abandonné aux animaux errants... Une broutille pour Kane, toujours en cheville, malgré des frictions évidentes, avec son ex-beau frère, enquêteur de police. Mais là où tout se corse, c'est lorque l'on retrouve monsieur Munday assassiné. Ainsi que le directeur adjoint de la prison de Woodbank. Des assassinats soigneusement préparés, violents, sadiques. Et des flics finalement peu efficaces. Le summum est alors la découverte, dans les tripes d'un sanglier, des restes de deux hommes... Une scène courte mais diablement peinte.

C'est d'ailleurs ce qui ressort de ces Chiens de Belfast, cette succession de scènes, parfois d'assassinats, parfois d'entrevues pour l'enquête de Kane, mais toujours des flashs, des instants. Parfois cela semble manquer un peu de liant, on semble se perdre dans l'histoire mais Sam Millar est suffisament malin pour ne pas en rajouter et avec son roman court, il rattache finalement tous les wagons dans les ultimes scènes. Pur livre d'adrénaline, même si les bastons ne sont pas énormes, Les chiens de Belfast joue sur les tensions et sur des dialogues, teintés d'un vrai humour irlandais, un peu désabusé, un peu cru parfois. L'auteur ne s'attache pas à décrire les troubles psychologiques de son héros, il ne se pâme pas non plus devant les beautés post-industrielles de Belfast : il offre un polar rapide, avec son lot d'âmes tordues, de flics ripoux, de femmes abusées. Avec en plus, une séquence de proctologie qui sent le vécu !

Les chiens de Belfast, Sam Millar, édition Seuil, 265 pages, 21, 50 euros.
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