Littérature noire
17 Avril 2014
Une bonne baffe, La faux soyeuse. Au départ, pourtant, on regarde avec incrédulité ce jeu de mots un peu... facile ? Et puis bing ! Eric Maravélias (54 ans), l'auteur, vous prend par les cheveux et vous met la tête dans la merde de sa vie de toxico, des années 80, 90. Il ne cherche pas le spectaculaire, l'extraordinaire, tout au contraire, c'est le quotidien navrant de celui qui cherche sa came. Qui en vend d'abord, qui fait une relative fortune, avant de devenir l'esclave. Dans ce premier roman, Eric Maravélias parle superbement et sans aucune romatisme déplacé de la drogue, de ses ravages, sur lui, sur ses amis, ses proches. On a failli en discuter lors de Quais du polar, à Lyon, mais je n'avais pas commencé le livre. Du coup, quelques jours après, c'est au téléphone, depuis le sud de la France, qu'il se confie.
A quel point La faux soyeuse est-il autobiographique ?
J'ai vécu tout ça mais le personnage principal n'est pas moi, je mélange pas mal de choses. Alors, Bagneux, c'était effectivement mon quartier et j'y étais toxico... pendant 20 ans. Il y avait aussi ce troquet de quartier, près de la cité, qui m'a inspiré pour le roman. Alors pour vous, cela peut paraître hyper violent comme monde mais c'était ma vie, ma routine. Enfin, je conçois quand même que c'était violent, d'un point de vue psychologique ou social ! Toutefois je n'arrive pas appréhender mon roman avec les yeux du lecteur. De voir partir tous les amis, ça, ça était incroyablement difficile, j'aimerais bien les avoir là, pour rire, pour parler de notre jeunesse. Mais que voulez-vous c'est la vie non ? C'est pour tout le monde pareil.
Justement vos amis, vos connaissances, qu'en ont-ils pensé du roman ?
J'ai rencontré par hasard quelqu'un qui galérait sur le trottoir à l'époque. Je lui ai filé le livre, il croyait avec tous les autres que j'étais mort parce que j'ai coupé les ponts du jour au lendemain. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis que je lui ai donné le livre. Mais je m'en fiche, j'ai tourné la page. Je dois avouer qu'il y en a certains que je voudrais quand même revoir.
Et l'écriture est venue comment, cette sorte de poésie noire ?
Je suis guitariste et j'ai toujours écrit des poèmes. Ce livre, il date déjà de 1999. Je voulais réunir la force de ce qu'écrivait Bunker avec la poésie d'un James Lee Burke, essayer de combiner les deux pour parvenir à ce que vous appelez cette poésie noire. La faux soyeuse a été en lecture libre sur un site et il y a beaucoup de gens qui m'ont aidé à l'améliorer. D'ailleurs je les remercie à la fin du roman.
Après cette autobiographie, vous allez être attendu. Vous travaillez sur quoi ?
J'ai envie d'écrire. Mais si La faux soyeuse n'est qu'un buzz sur un ancien toxico qui se confie, je n'en n'ai rien à faire. J'espère que les gens trouveront mon écriture intéressante. Parce que je l'ai vraiment travaillée. Cela m'ennuierait que l'on ne retienne que les anecdotes sur la came... Bref j'ai des trucs dans ma tête, des thrillers combinés à cette poésie noire. On va voir. En attendant, j'ai encore des festivals à assurer un peu partout, à Annecy, à Toulouse.
La faux soyeuse, Eric Maravélias, La série noire, 256 pages, 16, 50 euros.