Quais du Polar 2014 : sous le signe d'Ellroy, de Dark Vador, d'Hervé Le Corre...

Quais du Polar 2014 a rangé ses stands dimanche soir, dans le splendide Palais du commerce de Lyon. Trois jours de feu avec, au final, près de 65 000 visiteurs... Normal, pour une manifestation unique, bien calibrée entre lectorat grand public et littérature plus confidentielle. Un succès populaire qui s'explique aussi par l'omni-présence de James Ellroy, d'une disponibilité époustouflante (interview à venir). Alors de stands en stands, de rencontres en rencontres, on a pu glaner quelques infos sympas et aussi renforcer les liens du club de lecteurs-dévoreurs le moins envié du circuit, à savoir Fanas du Polar. Bref, trois jours très intenses...

Première rencontre informelle, d'abord avec Frank Bill, auteur de Chiennes de vie et Donnybrooke (La série Noire). Le jeune auteur, barbichette et casquette, explique d'où il tire la substance de ses romans, nous raconte comment on arrive à obtenir de la meth, qu'un bon ami à lui, bien sous tous rapports, est tombé dedans, avant de fuir l'Indiana... Eric Maravélias (La faux soyeuse) est juste à côté, partage la discussion. On en profite pour s'excuser de ne pas avoir trouvé le temps de lire son roman, en promettant d'y remédier dès cette semaine. A George Pelecanos, on serre la pince et, bêtement fan, on demande une dédicace sur Soul Circus... Plus loin, c'est Stuart Neville (Les fantômes de Belfast, Collusion, Ames volées) qui confie que son cinquième roman sort cet été en Grande-Bretagne tandis que le quatrième est annoncé en France pour la rentrée. Et puis il y a Deon Meyer, avec lequel on parle des routes sud-africaines et des qualités des bécanes BMW. On croise le dessinateur Lewis Trondheim, on papote avec l'immense Miles Hyman, co-responsable du superbe Dahlia Noir, chez Casterman Rivages : " j'ai entendu du bien du festival de BD à Bastia... ça me plairait bien de venir voir ce qui s'y fait. " Promis, on passe le message. Lors d'un déjeuner, Hervé Le Corre, couronné du prix du polar européen, livre quelques anecdotes sur l'histoire de Bordeaux pendant la seconde guerre mondiale (interview à venir là aussi). Derrière son stand, François Guérif, patron immensément respecté de Rivages, annonce que David Peace sera en France dans deux mois, pour parler de son nouveau roman " Mort et rouge ", autour du FC Liverpool, à paraître en septembre lui aussi. Craig Johnson, eh oui en Stetson, évoque avec tendresse le souvenir de Tony Hillerman (encore une ITW)...

Et puis, il y a le Off du festival. Les cafés avec Pierre Fourniaud, éditeur de La manufacture de livres, qui annonce que son prochain auteur sera une prostituée de 60 balais qui a des choses à raconter (on n'en doute pas un instant). Le libraire parisien, malheureusement supporter du PSG, Sébastien Wespiser (Le thé des écrivains), raconte comment il a cherché des heures un cadeau à faire à Ellroy lorsque celui-ci est venu en dédicade chez lui le 1er avril. Vincent Ladoucette (librairie Gibert de Vaulx-en-Velin) fait l'éloge de Larry Brown, glisse un exemplaire de Carter contre le diable (éditions super 8) et Mo (Fnac de Lausanne) préfère parler de la belle patience de ses clients suisses... Avec l'influent bloggueur Encore du Noir Yan (qui doit rendre pour 813 un article Surf et polar), les membres de Fondus au noir et un François Médéline (La politique du tumulte, à La Manufacture et bientôt Rêves de guerre) déguisé en Dark Vador, tout ce monde s'est retrouvé à la géante soirée Points, sur une péniche. Le monde a été refait 10 000 fois. Jusqu'à l'aube...

Pour l'instant, Quais du polar parvient à attirer des auteurs mainstream et des écrivains aux chiffres de vente plus confidentiels. C'est ce que l'on aime. C'est la marque du succès car ils sont rares, très rares, les événements littéraires qui, en France ou en Europe, attirent autant de monde.