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The killer inside me

Littérature noire

Marseille NOIR : magnifiques chroniques d'une cité de sang et de sel

Marseille NOIR : magnifiques chroniques d'une cité de sang et de sel

Marseille... après Washington, Los Angeles, Rome, Mexico, Paris et d'autres. La belle collection NOIR d'Asphalte crée son propre recueil de nouvelles, sans aller chercher cette fois chez l'éditeur américain akashic. Un pari. Réussi. On avait écrit ici à quel point, le recueil sur Mexico était mauvais, à l'inverse de celui sur Washington. Celui sur Marseille se rapproche du deuxième. Il est très bon. Surtout, il évite les clichés, les pagnolades, les lieux communs. Normal, quand on a un souci d'exigeance. Au casting, des noms connus comme Marie Neuser, François Thomazeau, Philippe Carrese, François Beaune, Patrick Coulomb... sous la houlette de Cédric Fabre. Quatorze nouvelles, de L'Estaque à La Cayolle, La Joliette, La Plaine...

Le réflexe habituel dans le recueil de nouvelles, c'est de faire son petit best of. Là, s'impose la nouvelle de François Beaune, sur La Belle de Mai, Katrina. " Je dis que chaque mois il faut un enculé du mois. Et souvent quand tu le cherches, fais-moi confiance, j'ai l'abonnement, il est dans le 49. " Un petit bijou de langage ordurier comme on l'aime et comme on le pratique, sans vulgarité toutefois, du côté du boulevard National. Beaune est le seul à oser transcrire le langage parlé dans le langage écrit. C'est un premier point. Ensuite, il y a énormément d'humour, des trucs à hurler de rire : " moi je suis pas pour les pédés en particulier, mais des trucs comme Sexion d'Assaut, il faut arrêter les mettre en tôle les mecs, y'a que ça qu'ils méritent. les jeunes ont pas besoin d'exemple comme ça. " Après, il y a un vrai fond, en 25 pages, sur cette ville et son quartier le plus pauvre d'Europe.

Carrese aussi réussi un sacré tour de passe-passe avec Le problème du rond-point, amenant un quatuor de personnages vers une drôle de fin au goût de tôles pliées. C'est subtil, ça se lit dans une sorte de ralenti, avec comme dans un match de Ligue des Champions, une caméra sur la ligne de touche, une caméra derrière les buts, une loupe... bref, c'est du sacré boulot.

Une dernière ? Celle de Rebecca Lighieri, sur le quartier Longchamp. De la vraie bonne tragédie grecque sur le problème de dopes qui lamine cette cité deux fois millénaire. Lighieri parvient, encore une fois en quelques pages, à créer deux personnages intenses, très incarnés, placés dans une société dure, où le fossé social saute en permanence aux yeux. Terrible.

Exceptées les lignes de Thomazeau sur le Stade Vélodrome, assez anecdotiques, les nouvelles sont de haute-volée, entre came, violence des sentiments, magnétisme de la mer. On y retrouve des personnages phares de la nuit marseillaise, notamment Dominique de l'Unic Bar, bistrot mythique et patronne mille fois sanctifiée. On croise aussi Yann, imperturbable rocker, tenancier de La Maison Hantée, mélange de Marquee et Madison Square Garden de Marseille. Donc, on est dans le vrai, dans le noir phocéen, ville quasi abandonnée, qu'une année de capitale culturelle ne suffira certainement pas à relever, que les édiles parisiens et les bourgeois de l'avenue Breteuil trouve toujours aussi " exotique " mais qui n'en finit pas de crever depuis 30 ans. Et Marseille NOIR l'écrit joliment.

Marseille NOIR, collectif, édition Asphalte, 242 pages, 21 euros.
Marseille... après Washington, Los Angeles, Rome, Mexico, Paris et d'autres. La belle collection NOIR d'Asphalte crée son propre recueil de nouvelles, sans aller chercher cette fois chez l'éditeur américain akashic. Un pari. Réussi. On avait écrit ici à quel point, le recueil sur Mexico était mauvais, à l'inverse de celui sur Washington. Celui sur Marseille se rapproche du deuxième. Il est très bon. Surtout, il évite les clichés, les pagnolades, les lieux communs. Normal, quand on a un souci d'exigeance. Au casting, des noms connus comme Marie Neuser, François Thomazeau, Philippe Carrese, François Beaune, Patrick Coulomb... sous la houlette de Cédric Fabre. Quatorze nouvelles, de L'Estaque à La Cayolle, La Joliette, La Plaine...
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