Littérature noire
5 Juin 2014
Romanzo Criminale était un roman fantastique, gorgé d'abord d'une belle ambiance romaine, baigné dans la fin des années 70 et cette criminalité italienne tellement... à part. L'auteur Gianacarlo de Cataldo, fameux procureur, reprend le personnage principal de Romanzo Criminale, le chef de bande Le Libanais, pour raconter sa genèse de voyou, ses premiers pas de bandit. Je suis le Libanais démarre ainsi, plutôt très bien, à l'automne 76, dans la cour d'une prison romaine. Le Libanais évite une rouste au neveu chéri d'un capo, Pasquale o'miracolo. Ce dernier lui est évidemment redevable. Le Libanais sent que c'est par cet homme d'influence que devra s'écrire son destin...
Mais voilà, Giancarlo de Cataldo - sans doute n'avait-il pas assez d'infos, de biscuits - va aussi s'intéresser au parcours amoureux du Libanais. Celui-ci tombe raide dingue d'une jeune bourgeoise, totalement gauchiste et occupée à faire la révolution, à grands coups de manifs. L'auteur nous fait sentir la répulsion du voyou pour ces gauchos issus de l'aristocratie italienne (" voilà une bonne raison de se méfier du communisme : il enlaidit " ), lui, le malheureux braqueur, élevé à la dure, ne se sent aucun atome crochu avec ces pseudos humanistes. Il n'a pas la fièvre du Grand Soir. Son peuple, ce sont ses amis, Le dandy, le buffle, l'échalas. Point. Et ça, on le comprend très vite dans ce roman. Malheureusement, Giancarlo de Cataldo fait des aller-retour incessants avec cette amourette et, pour dire vrai, on s'en fiche un peu. L'auteur essaye de ménager le suspense mais c'est un peu balourd, tous les lecteurs ont saisi que cette Giada ne sera pas la Bonnie de ce Clyde.
Du coup, les autres axes du livre (comment trouver 300 millions pour entrer dans un business ?) passent un peu rapidement. Et le livre se finit sans que l'on voit l'avènement du Libanais. Tout juste le pressent-on. Beaucoup trop court. La bibliothèque italienne de Métailié nous avait habituer à beaucoup mieux. Au fait des nouvelles de l'excellent Francesco de Filippo ?...
Je suis le Libanais, Giancarlo de Cataldo, édition Métailié, 127 pages, 14 euros.