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The killer inside me

Littérature noire

Liberté sous condition : Jim Thompson expert en pièges multiples (14)

Liberté sous condition : Jim Thompson expert en pièges multiples (14)

En 1986, François Guérif publie le premier roman de sa nouvelle maison d'édition, Rivages/Noir et il s'agit, ce n'est pas un hasard, d'un Jim Thompson : Liberté sous condition(29 francs !), traduit par Danièle et Pierre Bondil. Roman noir vintage écrit en 1953 où l'on retrouve les figures classiques de l'auteur : à savoir le pauvre gars qui veut s'en sortir, l'ordure qui manipule un peu tout le monde et évidemment, des femmes, fatales et complexes. Le tout dans un décor que l'on imagine, cette fois, dans le sud des Etats-Unis (le Texas sans doute), si l'on s'en réfère à l'industrie du pétrole, quoique Thompson ne parle que de Capital City. Voilà donc Pat Cosgrove, un petit mec qui a purgé 15 ans à l'infâme prison de Sandstone pour un minable hold up où personne n'a été tué. Une sanction démesurée. Et c'est Doc Luther qui va l'en faire sortir. Mais pourquoi ?

Doc est psychiatre, un des notables de la ville, margoulin politique (ça on le devine vite) mais qu'a-t-il besoin d'aider ainsi Pat Cosgrove. Il le sort de Sandstone, l'héberge, l'habille et lui trouve même un job ! Trop heureux de sortir de taule, Pat ne se pose d'abord pas trop de questions. Mais il commence, au bout d'un mois, à s'interroger. Il surprend des conversations. Voit Madame Luther lui tourner autour. Et puis il y a Madeline, une secrétaire de Doc, irrésistible et qui ne semble pas insensible à son charme. Sans oublier Myrtle Briscoe, une sorte de juge d'application des peines, furieuse de voir que Doc, qu'elle déteste, l'ait fait sortir de Sandstone. Car elle, incorruptible, sent qu'il y a là un coup fourré.

Et pas qu'un ! Jim Thompson nous embarque dans des histoires de politique locale, de corruption, de chantage pour finir par une escroquerie de haut-vol mais une vision moins noire que dans ses autres oeuvres. C'est du Jim Thompson, pas le meilleur sans doute, mais un classique inoxydable, témoin d'une époque où les petites villes US étaient tenues par des quarterons de pourris, où la morale tentait de s'infiltrer partout et où les femmes portaient d'élégants chapeaux. Il y a un côté délicieusement suranné dans Liberté sous condition. Mais qu'est ce que c'est bon. A lire aussi, la chronique du Vent Sombre.

Liberté sous condition, Jim Thompson, édition Rivages, 215 pages, 8 euros.
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