Littérature noire
7 Octobre 2014
David Vann, en quatre livres, semble s'imposer comme un auteur sérieux. Ce n'est pourtant pas Goat Mountain qui va convaincre les plus réticents. C'est long, c'est à la limite de la crédibilité mais surtout il y a une réflexion philosophique un peu lourde. On y mêle à la fois le rite initiatique du fils de 11 ans, les idées (déjà ratissées par Freud) de l'animalité primale de l'Homme, sans oublier, c'est peut-être le plus intéressant en fait, une remise en perspective des textes chrétiens. Mais tout cela pourrait être parfaitement acceptable, s'il n'y avait pas quelque part le sentiment que David Vann donne une leçon...
Le lecteur se retrouve donc dans les Goat Mountain, au nord de la Californie, dans une immense propriété familiale, où un père, son fils, le grand-père et Tom, l'ami de la famille, se retrouvent chaque fois pour chasser ensemble le cerf. Ce jour-là, le fils, 11 ans donc, doit tuer son premier cerf et comme dans toute société à travers la planète, il deviendra alors un homme. Sauf qu'en arrivant sur la propriété, c'est un braconnier que le fils tue, par accident ou par pulsion, on ne sait pas trop.
Le narrateur est ce fils qui remet en perspective, des années plus tard, tout ce qui s'est passé dutant ce week-end. Le père qui veut enterrer le corps, le grand-père qui s'oppose et se bat avec son propre fils. Mais aussi Tom qui souhaite prévenir la police. Et la chasse au cerf qui se poursuit... David Vann abreuve son lecteur de réflexions mais aussi de descriptions très Nature writing, sur les pins ponderosa du coin, leurs aiguilles, la mousse, les broussailles.
Sans doute que les fans de l'auteur accrochent. Mais il faut être très indulgent pour trouver là une fable sur la violence de l'Humanité. Pour être complet, c'est le premier David Vann que j'ouvre. Après avoir entendu parler pendant des mois de Sukkwan island, son premier, et considéré comme son meilleur.
Goat Mountain, David Vann, ed. Gallmeister, 256 pages, 23 euros.