Littérature noire
20 Octobre 2014
On a tous des soucis. Vous voulez savoir quel est le mien ? Je me retrouve avec trente-deux meurtres sur les bras. Uniquement pour le mois dernier..." Bienvenue en Afrique du Sud, formidable pays arc-en-ciel, où règne la bonne humeur, la félicité et la concorde entre les races. Ouais, ça, c'est pour les touristes et les journalistes occidentaux. Deon Meyer, entre autres auteurs, nous avait habitué à avoir un regard plus aigü sur la réalité sud africaine. Depuis La dette, il y a deux ans, Mike Nicol nous aide, lui aussi à y voir plus clair avec son duo Mace et Pylon. Cette fois, les deux anciens trafiquants d'armes, ex-membres du bras armé de l'ANC, aimerait investir dans un terrain sur la West Coast. Il faut beaucoup d'argent. Et d'autres veulent croquer dans ce beau projet. Dont Obed Choco, un voyou actuellement en cabane...
La force de Mike Nicol, c'est d'abord l'ambivalence de ses deux personnages. Rangés des voitures mais avec de sacrées casseroles. Des hommes, mariés, pères de famille, qui aimeraient passer à autre chose, laisser derrière eux les années de guerre. Mace, hélas, s'est fait une ennemie coriace en la personne de Sheemina February, avocate perverse, passablement dingue. Qui s'associe, dans Killer Country, avec Obed Chocho donc, en concurrence sur un projet immobilier avec Pylon. Chocho décidé à faire le vide pour obtenir ce terrain de rêve et qui emploie deux gâchettes, Manga et Spitz. Ce dernier est véritablement la trouvaille de l'auteur : froid, précis, fumant des menthol et... fan de musique country. Un tueur à gages splendide, à cheval sur les principes et extrêmement efficace.
Roman de l'Afrique du sud chaotique, d'un pays rongé par les luttes, les amertumes (ah ces fermiers racistes...), Killer country est un polar costaud, séduisant par son rythme, par les personnages et par l'écriture de Mike Nicol. La scène du flingage de l'intermédiaire allemand à la sortie de l'aéroport est un superbe moment de suspense. La fin peut paraître un peu too much mais on attend avec impatience le troisième volet, Blackheart.
Killer country, Mike Nicol, ed. Ombres Noires, 533 pages, 22 euros.