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The killer inside me

Littérature noire

A deux pas du ciel : la jeunesse de Jim Thompson dans les chantiers du Texas (13)

A deux pas du ciel : la jeunesse de Jim Thompson dans les chantiers du Texas (13)

Publié en 1967 sous le titre South of heaven (rien à voir avec Slayer !), A deux pas du ciel fait partie des romans de Jim Thompson un peu plus autobiographique que les autres. Il s'est toujours servi de sa jeunesse comme commis voyageur, de ses déboires d'enfant de l'Oklahoma, de ses voyages dans les villes paumés des Etats-Unis. Mais cette fois, il parle de son expérience comme manoeuvre sur les chantiers de pipe line à l'ouest du Texas (le pétrole a déjà été abordé dans Un nid de crotales). Tommy a 21 ans. Il a arrêté les études lorsque ses grands-parents qui l'élevaient se sont fait sauter en maniant de la dynamite sur leurs champs. Depuis cette date, véritable hobo dans ces années 20 aux Etats-Unis, il va de chantier en chantier. Dans des conditions dures, inhumaines, vivant sous le soleil de plomb du Texas, dormant dans des tentes avec 600 autres gars. A deux pas du ciel possède les qualités d'un quasi documentaire historique et sociale.

S'il y a deux catégories de romans chez Jim Thompson, les chefs d'oeuvres et les très bons livres, celui-ci fait partie de la seconde. Il n'atteint ainsi pas la force de L'assassin qui est en moi, Rage Noire, Une femme d'enfer ou encore L'échappée mais c'est sacrément bien tourné et Big Jim montre qu'il sait aussi écrire, parfaitement, une bonne histoire en mêlant son parcours personnel avec une intrigue béton, une jolie fille et des sales mecs. Ceci dit, les sales mecs, pour une fois, sont les personnages les moins intéressants de cet opus. Les frères Long et leur bande ne sont qu'en arrière plan. Un prétexte. Ce qu'a voulu montrer Jim Thompson, ce sont bien les conditions de travail dantesques du travail sur ces chantiers.

Entre les ouvriers de la dynamite qui manquent chaque fois de se faire sauter le cigare, les ouvriers au goudron dont la peau du visage pèle avec la chaleur, ceux à la planche à rétamer (très dur de comprendre exactement ce que sait, mais ça a l'air horrible...) qui risque de se faire couper en deux, sans oublier les heures penchées sur un marteau piqueur... avec ce soleil sans pitié du Texas, quelques serpents, l'absence d'hygiène, les tentes collectives. Pour des payes de misère. Dans un décor de misère : " la ville elle-même ne ressemblait à aucune autre. Elle n'avait aucun plan d'ensemble. les rues, si on pouvait les appeler comme ça, partaient dans tous les sens. Les bâtiments en bois, dépourvus de peinture, branlants à cause du vent, semblaient avoir été flanqué n'importe où... "

Tommy, donc, est pote avec Brelan, joueur de cartes on l'aura deviné et artificier hors pair. Tommy se fait embarquer pour le meurtre du shériff adjoint auquel il est totalement étranger. Au passage on découvre la beauté de la corruption de la justice texane. Puis Tommy s'amourache de la seule fille du camp... qui pourrait aussi être la traditionnelle pute de ces mini villages itinérants. Enfin, il y a ce gang, planqué, qui souhaiterait mettre la main sur la paye des ouvriers.

A deux pas du ciel fait partie des quatre derniers romans de Jim Thompson. Il s'y livre un peu, avec cette tendresse et cette ironie qui le caractérisent. Roman violent, roman historique, roman où Thompson interpelle le lecteur à plusieurs reprises, comme pour lui dire, " oui, ça a bien existé. " A redécouvrir.

A deux pas du ciel, Jim Thompson, ed. Rivages, 223 pages, 7, 60 euros.
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