Littérature noire
20 Novembre 2014
La lecture du Goncourt, dans la foultitude de livres qui sort chaque année, n'apparaît pas comme une priorité. Sauf à vouloir faire la conversation dans les dîners de famille. Et les auditeurs de RCFM, station corse du réseau France Bleu (précision pour les internautes d'une autre planète), s'en sont bien rendus compte lundi dernier puisque la discusion tournait autour du roman de Lydie Salvayre, Pas Pleurer. Il s'est dit, dans la presse, que c'était une année pauvre en goncourable. Mais alors, il fallait passer son tour. Donner rendez-vous en 2015. C'est tout.
Parce que le roman de Lydie Salvayre n'a rien d'inoubliable, de transcendant. Les souvenirs d'une mère, au crépuscule de sa vie. Une immigré espagnole qui se souvient du parfum libertaire qui a soufflé en 1936 dans son village, lui laissant entrevoir le rêve d'une société enfin différente, sortie du joug féodal et rural de son village. Pour ajouter une touche intello-historique, l'auteur raconte également ce que vit Bernanos, au même moment, aux Baléares. Voilà...
On s'ennuie ferme là encore et le plus étonnant, c'est qu'il n'y a pas le moindre début d'émotions. Lydie Salvaire tombe dans les lieux communs : les paysans soudés à leurs habitudes, les riches propriétaires en appelant à Dieu, les vieilles familles avec leur grenouille de bénitier (un moment on pense à Alice Sapritch dans La folie des grandeurs !), les beaux héros anarchistes, la guerre entre les communistes et les franquistes... comme le disait un ami libraire bastiais " on a l'impression de revivre un cours d'histoire de troisième ! " Depuis belle lurette on sait la collusion entre l'église espagnole et la junte franquiste, on sait la non intervention des démocraties européennes. S'il faut le répéter que ce soit au moins avec un tremblement de la voix. Là, non, cela reste vraiment superficiel, presque distancié. Autant dire que Pas pleurer a été aussi vite oublié qu'il a été lu...
Pas pleurer, Lydie Salvaire, édition Seuil, 279 pages, 18, 50 euros.