Littérature noire
24 Janvier 2015
De la bataille, de la baston, de la vraie, de la vintage ! Cette année, on fête le bicentenaire de Waterloo, immense fessée, de ce que l'on appelait alors les Alliés, donnée à Napoléon, Empereur sur le (presque) retour. Thierry Lentz, auteur d'une trentaine d'ouvrages sur l'Empire, directeur de la Fondation Napoléon, enseignant de droit, offre un Waterloo 1815 parfaitement pédagogique, commençant dès le retour de Napoléon à Juan-les-Pins et se poursuivant quelques jours après le 18 juin 1815. Alors, dans ce blog, on parle plus volontiers de romans noirs, d'enquêtes policières, de traques, mais ici, il faut reconnaître la dimension ultra romanesque de cette bataille et le talent de conteur de Thierry Lentz. Une aventure humaine extraordinaire qui a, en partie, façonné, le monde d'aujourd'hui.
700 000 hommes donc chez les Alliés, du côté de l'Anglais Wellington et du ministre de la guerre autrichien Schwarzenberg. Il faut dire que dès que Napoléon a remontré le bout de son nez en mars 181, les puissances européennes s'étaient mobilisées : elle ne voulait plus entendre parler du Corse, le Vieux Continent faisait déjà l'objet d'âpres négociations, pas la peine que Napoléon vienne y mettre sa pagaille. Surtout que celui-ci lors d'un discours au Champ de Mai, évoque sa volonté de redonner à la France ses frontières d'origine... Bref, c'est le branle-bas-de combat, on mobilise, on s'active autour de l'hexagone. De son côté, l'Empereur ne peut compter " que " sur un peu plus de 200 000 hommes. Et pas forcément super bien encadrés, pas forcément avec ce qu'il faut de cavalerie, d'artillerie. Mais bon, Napoléon est un stratège, il l'a prouvé de puis longtemps. Son idée, attaquer au Nord et prendre Bruxelles pour remporter une victoire éclatante qui force les puissances européennes à le faire netrer dans le jeu diplomatique. Tous les mouvements de troupes se font plus ou moins en catimini car, conscient de son infériorité numérique (il a 122 000 hommes dans son armée du Nord et Wellington et Blucher en ont 221 000), Napoléon souhaite créer une sorte de surprise et comme d'habitude frapper au centre pour scinder les deux armées alliées puis les vaincre l'une après l'autre. Ce qu'il ignore c'est que Wellington et Blucher se sont jurés loyauté : si l'un est en déroute, il doit rejoindre l'autre et ne pas fuir.
Tout y passe, les questions sur le commandement et les responsabilités du Maréchal Ney et de Napoléon himself. L'arrivée trop tardive de Grouchy. Le mot de Grouchy. La charge des 10 000 cavaliers français (plus fort que les armées du Rohan chères à Tolkien !). Sans oublier les lourdes pénalités infligées à la France ensuite...
292 pages réellement passionnantes, sur les faits essentiellement, avec énormément de tableaux mais aussi des schémas de la bataille, des extraits de discours, pour comprendre cette boucherie qui fit, en trois jours, 23 700 morts et plus de 65 000 blessés...
Waterloo 1813, Thierry Lentz, ed. Perrin, 293 pages, 24, 90 euros.