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The killer inside me

Littérature noire

Paul Colize confie qu'il quitte La manufacture de livres pour Fleuve Noir

Paul Colize confie qu'il quitte La manufacture de livres pour Fleuve Noir

Long, une élégance discrète, le cheveu coupé court, le regard clair et cet accent, à nul autre pareil : celui de la Belgique. 200 ans pile poil après la terrible défaite, Waterloo envoie donc en Corse un de ces illustres représentants, Paul Colize, auteur de romans noirs, qui était en vadrouille, à l'invitation du réseau départemental de bibliothèques, entre Aléria, Calvi, Borgo. Venu pour évoquer notamment ce qui reste sans doute l’un des plus beaux livres de 2013, Un long moment de silence. Trajectoire intime d’un consultant en informatique misanthrope qui recherche les cause d’un attentat où son père a péri en 1954, au Caire. Une quête qui le mènera non pas au père mais à la mère. « C’est mon histoire, rappelle Paul Colize. Ma mère a vécu dans cette partie de la Pologne autrefois austro-hongroise, à Lwow qui a été envahi par les Allemands pendant la guerre, puis repris par les Russes... Je vais vous dire une anecdote : quand les Allemands sont de nouveau entrés dans la ville, les habitants les ont acclamés, tant l’armée russe s’était rendue coupable des pires exactions ! »

Dans le livre, la mère a 15 ans lorsque les Allemands arrivent à Lwow. Elle s’amourache d’un soldat allemand, tombe enceinte, les Russes débarquent, le bébé est confié à la belle famille allemande et disparait dans les remous de l’après-guerre. Lwow, aujourd’hui, fait partie de l’Ukraine...

« J’ai raconté cette histoire familiale à Pierre Fourniaud, mon éditeur à la Manufacture de livres.Je ne pensais pas que cela mérite un roman, il y en a tellement de récits de ce genre... Il m’a dit fais-en un polar ! » Prix Landerneau, prix polars pourpres, Un long moment de silence, par son originalité, son traitement, sa puissance évocatrice, accroche et bouleverse un public très large à sa sortie. Car, encore une fois, comme avec Back Up, Colize a su mêler son vécu, une partie fictionnelle et des éléments historiques. Telle cette organisation parallèle, baptisée Le chat qui traque et assassine les criminels nazis. « Cela est parfaitement véridique, explique-t-il. Cette organisation s’appelait The Owl, la chouette était, comme dans le livre, financée à hauteur de 6 millions de dollars, par un mystérieux bienfaiteur pour retrouver des criminels nazis enfuis. J'ai lu un livre sur le sujet écrit par un ancien de l'organisation... Après la guerre Simon Wiesenthal, grand chasseur de nazis, avait exposé son plan à Rooosevelt qui lui avait répondu, « oui il faut traduire ces monstres devant la justice. » Churchill avait eu une toute autre réponse : « pourquoi les juger ? Mettez-les face à un mur, une balle dans la tête »... The Owl a choisi cette méthode. »

Un long moment de silence pose ainsi la question du pardon et de la vengeance. Et la question du sacrifice à une cause aussi. C’est la force de cette littérature noire de s’emparer, l’air de rien, de sujets graves, douloureux. Pour tout dire, Colize, qui confie ne pas avoir de plan de travail, n’a jamais écrit comme ça. Même si Back-Up annonçait déjà une telle amplitude. " Ces deux romans sont assez différents du reste de mes livres. Ils sont beaucoup plus noirs et j'y mets beaucoup d'éléments personnels. Back Up, ce sont les années 60 que j'ai vécu quand j'étais un grand fan de rock. Mais du rock pur et dur attention. J'étais moins enthousiaste quand il y a eu le rock des années 70 avec les solos de guitare de 20 minutes. Oui, la première fois, c'était bien mais à la longue... Donc dans Back Up une grande partie des anecdotes que je raconte faisaient partie de celles que l'on connaissait à l'époque. J'y mêle ensuite toutes les rumeurs de manipulations que l'on sussurait autour de la CIA, de la guerre du Vietnam où le LSD et d'autres drogues ont été utilisées. C'est d'ailleurs le sujet du film L'échelle de Jacob. Par contre les attentats que je raconte, celui de Ramstein ou du Caire sont évidemment fictifs. C'est curieux car un jour dans une critique d'Un long moment, j'ai lu un journaliste qui écrivait " l'auteur ouvre son livre avec le fameux massacre du Caire " ! Non, ça n'a pas existé... Bref, c'était tout de même deux livres très intenses. "

Il assure d’ailleurs que son dernier roman, L’avocat, le nain et la princesse masquée, était « un polar avec de la comédie, pour retrouver le ton plus léger de mes débuts. Comme une parenthèse, une respiration. La plupart des anecdotes sur le divorce m'ont été raconté par le spécialiste bruxellois de la séparation. Notamment le passage sur des frais équivalents à la moitié d'une paire de nichons refaits de l'épouse ! Je suis assez fasciné par les couples qui s'adorent puis se déchirent littéralement pour des assiettes, un meuble... Mais mon prochain roman, sur lequel je travaille encore, Concerto pour quatre mains, sera de nouveau très sérieux, très noir, avec, oui, un peu d’humour. Il sortira chez Fleuve Noir. Je quitte donc La manufacture après, j’espère, de bons et loyaux services... Fleuve Noir, c'est avec la Série Noire, l'une des deux maisons où un auteur polar a envie de travailler. »

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