Littérature noire
14 Mars 2011
Après la Série Noire il y a quelques semaines (avec ici Marcus Malte), c'est cette fois la collection policier du Seuil qui modifie profondément ses couvertures. Terminées les deux photos qui encadraient le nom de l'auteur et le titre, sur fond noir. Désormais, une seule et grande photo sur papier glacée et basta..
Ce n'est pas que ce soit raté, loin de là, mais Le Seuil, du coup, ne se distingue plus dans les rayons, sur les présentoirs. Il y a même un côté anglo-saxon a ces couvertures du Seuil qui, finalement, me laissent penser que la mondialisation peut aussi passer par là. Ce qui me plaisait dans les anciennes couv' du Seuil, c'était, après lecture, d'associer les photos à l'histoire. Sur le dernier Wambaugh, il y avait par exemple les menottes qui rappelaient donc les flics du commissariat d'Hollywood et puis aussi cette flaque de sang, illustration de cette scène mémorable qui clôt le livre. On a toujours ce jeu, un peu simplet parfois, de raccrocher la couv' à l'histoire. C'est un tic de lecteur.
La série Noire a initié le mouvement de relooking il y a trois mois. Finie l'historique police de caractère en jaune qui, du fond de votre librairie préférée, vous harponnez la rétine. Désormais, on illustre pleine page là aussi. Avec plus ou moins de bonheur. Plus, c'est quand on voit la très belle couv' du Marcus Malte, avec ce vynil. Ou encore le Attica Locke (que je vous présenterais d'ici peu et ici même). Moins, c'est pour le dernier Jo Nesbo, Le Léopard sur fond de volcan... Même si une partie de l'histoire se déroule près d'un volcan congolais, cela reste troublant sur le sens et évoque plus un livre catastrophe qu'un thriller non ?
Du coup on espère bien qu'Actes Sud va conserver son visuel noir, avec cadre rouge et ce cercle illustré, toujours très réussi. Pareil pour Métailié et ses couvertures noires, peu chargées et toujours intrigantes. Une sorte d'obscure délicatesse bienvenue dans un univers de sang et de violences. De même pour la collection Rivages en poche et son papier granuleux, ces images à peine délavées, sa typo reconnaissable entre milles. Un must.
Finalement, on joue sans doute un peu les vieux ronchons sur l'air connu du " quand même, c'était rudement mieux avant " mais c'est surtout que l'identité du roman noir, du polar s'est construite, autour d'images fortes, d'icônes et les couvertures sont parfois devenues cultes.