Littérature noire
16 Mars 2011
Dennis Lehane est désormais un des auteurs polars majeurs des Etats-Unis. Sa série Mc Kenzie/Gennaro est parmi les meilleures du genre et sa performance sur Un pays à l'aube a définitivement placé l'auteur de Boston dans le top 5 des écrivains surdoués et " bankable ". A cela s'ajoute trois livres adaptés à l'écran. Et pas par des seconds couteaux : Clint Eastwood pour Mistyc River, Ben Affleck pour Gone baby gone et Scorsese pour Shutter Island... Dans un entretien vidéo pour son éditeur français, Rivages, il revient sur les deux premiers. http://http://www.payot-rivages.net/livre_Un-pays-a-l-aube--Dennis-Lehane_ean13_9782743619367.html
Et je suis étonnement d'accord avec lui sur l'interpétation de Casey Affleck dans Gone Baby Gone. Parce que j'aurais bien vu, au départ, John Cusack dans ce rôle. Peut-être même Collin Farrell pour rester dans l'esprit irlandais cher à notre enquêteur de Boston. Mais Casey Affleck se révèle excellent et son jeu reflète bien toute la complexité du personnage, son goût de la violence et son sens profond de la justice. Casey Affleck a ce regard perçant, cette inflexion de la tête qui colle à Mc Kenzie lorsque l'on relit le livre de Lehane.
Mystic River, lui, est plus classique dans le genre polar et possède un trio d'acteurs impeccables : Sean Penn, Kevin Bacon et surtout Tim Robbins. Ce dernier tient presque tout le film avec son regard de chien battu, de type détraqué, de future victime. Un super rôle qui, curieusement, n'a pas été perçu comme tel par l'académie des Oscars lui préférant Sean Penn, pourtant un brin caricatural.
Dommage que dans cette interview vidéo, Lehane n'évoque pas Shutter Island. Sans doute, encore trop frais dans son esprit. J'ai rarement entendu un auteur critiqué une adaptation, pourtant, à mes yeux, elle n'est pas à la hauteur du livre : beaucoup trop spectaculaire dans les scènes d'étreintes avec l'épouse, un brin surjoué par Di Caprio. Et finalement on n'y retrouve pas le Scorsese que l'on aime. Je me demande même s'il n'y a pas des défauts de raccord dans la scène où il croise son ex-pote tabassé en cellule. Quoi qu'il en soit, je suis bien moins retourné par le film que par le livre. Je conseille d'ailleurs volontiers l'adaptation BD de Christian de Metter (Gallimard), paru en 2008. Mais, c'est un autre sujet...