Littérature noire
3 Novembre 2015
Après La part de l'orage, balade pinardière aux tanins souples, après Là où leurs mains se tiennent (que l'on n'a pas eu le temps de lire et ce n'est pas bien), Grégory Nicolas publie ces jours-ci Mathilde est revenue, étonnante et touchante histoire d'amour d'un couple de Parisiens. Etonnante parce que la romance a tout du déjà-vu sur le principe : amoureux qui se déchirent, couple qui se réfugie en Bretagne. Mais étonnante aussi parce que le personnage de Mathilde est diablement originale, inattendue tout en respectant les codes de la jeune femme qui n'en peut plus du carcan de l'amour, de la vie en société. Etonnant aussi dans le traitement d'abord désincarné, comme dans un film style Nouvelle Vague Française, très descriptif " Jérôme, l'air triste... Mathilde est étonnée... Louis fait ses premiers pas. " Grégory Nicolas s'astreint à un style qui ne juge pas, n'explique pas et rend les choses presque étranges.
C'est ensuite qu'il devient touchant, lorsqu'il incarne tour à tour Mathilde et Jérôme. Deux points de vue, deux perspectives où, malin l'auteur !, chaque lecteur, chaque lectrice peut avoir le moyen de se reconnaître, ne serait-ce que fugacement. C'est touchant parce que l'histoire d'amour est très forte, riche. Et drôle. On ne lira pas ça tous les jours, mais il faut avouer que ça descend comme un bon Grote di Sole, blanc, d'Antoine Arena...
Mathilde est revenue, Grégory Nicolas, ed. Rue des promenades, 246 pages, 14 euros.