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The killer inside me

Littérature noire

George Best, premier people malgré lui du football

George Best, premier people malgré lui du football

« En 1969, j'ai arrêté les femmes et l'alcool. Ce furent les vingt minutes les plus dures de ma vie. » George Best n'est pas seulement un footballeur de génie entré dans la légende, il n'est pas que le serial dribbleur de Manchester United de la fin des années 60, cet Irlandais de Belfast qui a amené le club à deux titres de champions et une coupe d'Europe. Non. George Best a inventé la peoplisation des joueurs de ballon rond. A son corps défendant sans doute. Beau gosse, le cheveu long (coupé, égalisé, hebdomadairement par son ami coiffeur.... qui donnait les mèches aux fans!), des tenues extravagantes au top de la mode 60's, l'envie de faire continuellement la fête, une Jaguar, puis une Rolls blanche... et aucune passion pour le mariage. George Best par son talent pourrait être comparé à Messi aujourd'hui. Par, hélas, son alcoolisme, il ressemblerait à Paul Gascoigne.

Immortel, écrit par l'excellent journaliste anglais Duncan Hamilton, raconte avec une plume sensible, les tourments de ce joueur, tout sauf stupide. Arraché à ses parents, à son Belfast, à quinze ans, pour grandir dans le plus prestigieux club du royaume. Idôlatré à 18 ans au point qu'il devait sortir de la maison de sa logeuse avec un sosie, surnommé le 5e Beatles par un journal portugais après un match de feu à Benfica, George Best tomba très vite dans les excès. Une chute qui correspondait alors au mauvais passage de United, incapable de se renouveler. Et plus le club peinait en match, plus Best se mettait minable. Au point de rater les entraînements, de quitter la ville pour quatre jours à Marbella, de jouer parfois à moitié saoûl. Et même comme ça, il restait inarrêtable sur le terrain. L'immense douleur de George Best était cet amour qu'il portait à Manchester.

Outre le contrat de sept ans qui le liait, il ne se voyait pas jouer à la Juve ou au Real qui pourtant lui faisaient les yeux doux. Son cœur était résolument rouge, tant pis s'il y avait dispute, rupture, divorce. Immortel rappelle que cet immense joueur est décédé il y a tout juste dix ans. Il fut l'idole de Maradona mais jamais le football ne lui rendit ce qu'il avait donné...

C'est bizarre d'écrire comme un vieux con alors que l'on n'a pas connu cette époque du ballon rond. Pourtant, il y a de quoi s'enthousiasmer quand Hamilton nous décrit l'ambiance de l'époque. Loin des crétins de l'équipe de France, George Best rêvait d'une équipe d'Irlande unifiée, loin de la vie bourgeoise des stars galvaudées d'aujourd'hui, Best allait payer un coup à boire et l'hôtel à un défenseur devenu SDF... Il y a du coeur dans ce football là. Immortel nous renvoie, dans un autre registre mais avec cette même nostalgie teintée de la couleur d'une pale ale, au génial Rouge ou mort de David Peace.

Immortel George Best, Duncan Hamilton, ed. Hugo Sport, 438 pages, 22, 50 euros.
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