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The killer inside me

Littérature noire

Que la mort vienne sur moi : le prolétariat de l'Oklahoma se met sur la gueule

Que la mort vienne sur moi : le prolétariat de l'Oklahoma se met sur la gueule

On se fait passablement chier dans l'Oklahoma. JimThompson nous le disait déjà. Et ça n'a guère changé en 2016 avec le premier roman de J. David Osborne, Que la mort vienne sur moi.

Dans cette petite ville, pas loin d'Oklahoma City et de Tulsa, Danny Ames est un des blacks chargés de la sécurité du club local. Les soirs de musique techno, il fait régner l'ordre. Avec flingue à la ceinture et gilet pare-balles, parce qu'on n'est jamais trop prudent dans ce coin. Prudent, son frère, Thomas, qu'il voyait devenir instit', ne l'a peut-être pas été : cela fait deux jours qu'il ne donne pas de nouvelles. Le soir, parce qu'il habite toujours chez maman, Danny tente de calmer sa mère. Avant de partir à la recherche de Thomas, accompagné d'un psychopathe, nommé Beck.

Autre fratrie, celle d'Arlo et de Sepp. Le premier, marié avec une secrétaire d'avocat, bosse dans un magasin d'articles de sports. Sepp, lui, en a marre de se crever le cul à livrer des meubles. Et même s'il sort à peine de taule, il tente le diable en vendant des pilules d'engrais chinois, sympathiques hallucinogènes que les défoncés de tous bords vont forcément s'arracher. Un jour, à la pêche au poisson-chat, les deux frères vont débusquer un cadavre à peine croqué par la faune aquatique... Embrouilles à venir.

J. David Osborne est un autre de ces grands raconteurs de l'Amérique des paumés. Mais ce n'est pas le sud. Même si le Texas est tout proche. Ce n'est pas une ambiance d'évangélistes non plus. C'est plus l'Amérique des mobiles home, des Walmart, des petits boulots de merde, des calibres en circulation plus ou moins libre. A l'image de ce qu'on retrouve par exemple chez Franck Bill. Un pays aussi d'où l'on ne s'extrait pas de son rang social. Sans revenir pesamment sur le rêve américain brisé, c'est ce qui frappe dans Que la mort vienne sur moi. Seul Arlo rêve d'un monde meilleur mais ne sait pas bien comment y arriver, il dit juste " j'ai un budget " et, dans une très bonne scène, voyage à travers Google map.. Au moins a t-il la conscience de son état.

Dans ce petit monde de prolétaires, adeptes de la fumette, la tension est permanente. Et c'est bien la tension économique qui va déclencher un engrenage criminel.

Roman efficace et poisseux, Que la mort vienne sur moi est servi par une belle langue (merci Pierre Bondil) et d'excellents dialogues. Bref, une très agréable découverte.

Que la mort vienne sur moi (trad. Pierre Bondil), ed. Rivages, 262 pages, 22 euros.
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P
Merci pour cet article qui dit ce qu'il était important de dire sans dévoiler le reste. Ce n'est pas un roman facile, la preuve que vous savez écouter et lire.<br /> Cordialement
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