8 Février 2016
C'est un spécialiste international de Proust qui, dans un bar de Veracruz, attend, tous les soirs le retour de Dariana, danseuse de revue qui lui a littéralement retourné les sens. Il attend, des heures, des jours, se remémorant leur rencontre, leurs étreintes. Jusqu'à ce qu'un pli, lui raconte l'étrange histoire d'une femme belle à tomber, de son jeune prêtre défroqué, de son amant liée à un cartel, de son père, curé pédophile libidineux. Une lettre en quatre parties, racontant dans une différente perspective une soirée de tempête, une soirée d'ouragan. Une soirée où le sort de la femme s'est semble-t-il joué.
Jouer, Olivier Rolin, sait très bien le faire dans ce Veracruz, lu à l'occasion de l'émission riche en psychotropes, " Des livres et délires ", sur RCFM le lundi à 11 heures. Olivier Rolin prend le prétexte d'une histoire d'amour pour tisser un beau carré de haine, de rancoeurs, de vengeance et surtout s'interroger sur notre volonté de compréhension, de rationalisation. " Nous voulons toujours que tout ait un sens. Nous voulons que le temps aille sans jamais se retourner, que les événements s'enchaînent, que les livres aient un plan, une signification cachée, l'histoire une fin." Une réflexion qui produit tout le sel de ces 121 pages un brin déroutantes.
Roman très court, incroyablement écrit, il peut laisser sur sa fin le lecteur affamé, justement, de sens. C'est là que Rolin, se moquant faussement de Proust, joue. En se refusant d'expliquer. En multipliant les pistes, les degrés de lecture aussi. J'étais resté sur l'excellent Météorologue. Apparemment, cet auteur a le soucis de ne pas refaire deux fois le même livre. Tout à son honneur.
Veracruz,ed. Verdier, 121 pages, 13 euros.