Littérature noire
9 Mai 2016
Pas aimé. Et ce n'est pas souvent avec cette collection d'Asphalte. Ou alors ça remonte à Mexico Noir. Est-ce un hasard si c'est encore une capitale d'Amérique latine, en l'occurrence Buenos Aires qui se révèle aussi décevante ? Sur quatorze nouvelles, i y en a vraiment quatre bien tournées, les autres se contentant d'amours déçues, de cadavre dans le placard, d'emménagements divers, mais rien de vraiment porteno, comme on appelle les habitants de cette ville splendide.
Parmi les quatre bonne nouvelles, il y a donc Orange c'est joli comme couleur (Veronica Abdala), une histoire sentimentale certes mais très cruelle. Et comme le faisait remarquer justement le bloggueur Encore du Noir, rien de très argentin là-dedans. Mais bon, c'est assez délicieux. Un visage dans la foule (Pablo de Santis), qui, encore une fois, pourrait se passer à Shangaï, est également bien tourné, avec une histoire doucement amenée, une vraie douleur. Beaucoup mieux, Onzième étage (Gabriel Cabezn Camara) qui, à travers la vision d'un camé geek, raconte les bidonvilles de Buenos Aires et, rapidement il est vrai, la main mise sur les marchés de l'immobilier. Le tout dans un style suffocant, violent, illustrant très bien la paranoia du junky en question. Excellent moment. Mais peut-être pas aussi bon que La vengeance du lombric (Alejandro Parigi), seule nouvelle à évoquer ouvertement les gangs et leur pouvoir dans la capitale argentine. Une nouvelle méchante à souhait, dure, presque insoutenable. Mais qui reflète aussi cette littérature que l'on retrouve d'ailleurs chez Asphalte, de Leonardo Oyola, à Boris Quercia. Un monde violent, pauvre, agressé par la crise.
Le problème de Buenos Aires Noir c'est de nous laisser croire que les portenos sont obnubilés par leurs appartements, leurs domiciles ou leurs histoires de couples. Même la nouvelle d'Ernesto Mallo, coordonnateur du recueil, tombe à plat. Il n'y a ainsi pas une seule ligne sur la politique. Ou ne serait-ce les coins glauques de la ville. Etrange, quand on connaît la Boca, quartier bien sensible, son stade de La Bombonera où les touristes se font plumer, qu'aucune nouvelle ne vienne d'ailleurs s'y dérouler.
Dommage, dommage, les lecteurs auraient voulu en savoir plus sur cette vibrante cité.
Buenos Aires Noir (trad. Olivier Hamilton et Hélène Serrano), ed. Asphalte, 207 pages, 21 euros.