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The killer inside me

Littérature noire

Du sable dans la bouche : tragique coup fourré au pays basque

Du sable dans la bouche : tragique coup fourré au pays basque

Emilia lutte pour l'indépendance du pays basque. Ce soir-là, côté français, avec Tomas et un camarade, ils mettent quelques charges de plastique sur un complexe hôtelier. Tout ne se passe pas comme prévu. Un gendarme est tué, le troisième partenaire est abattu et Tomas est grièvement blessé. L'engrenage commence. A Bordeaux, PIerre, un vieil amour d'Emilia, plus ou moins proche de la lutte basque, donne un coup de mains aux deux fuyards. Le coup de main se transforme en complicité. Les flics sont sur les dents depuis que l'un des leurs est tombé. Ils vont chercher la femme de Pierre, Mathilde, et lui faire cracher ce qu'elle sait. A défaut, ils vont l'utiliser. Dans l'ombre, Angel, truand madrilène, condamné pour des violences sur femme entre autres, épie les deux militants basques en fuite. Pour qui travaille-t-il ? Une officine de l'Etat espagnol ? Ou c'est simplement son cerveau en décomposition ?

Du sable dans la bouche est un petit bijou de roman noir. Sans prétention mais avec une foule de personnages bien identifiés, l'histoire, faite de fuites, de planques, de soins clandestins, se déroule sans un moment de respiration, Hervé Le Corre collant à ses militants, dans un appartement d'abord, dans une ferme sous le neige. La neige, la pluie, le verglas donnent un ton particulier, participe aussi au malaise de ce qui est une tragédie en puissance. Le Corre ne manque pas d'interroger autant sur le romantisme des militants basques que sur les méthodes de la police, se gardant bien de prendre une quelconque position. On apprécie également la qualité de ses deux personnages féminins, entre Emilia, solaire et Mathilde, lunaire, mais toutes les deux pourvues d'une volonté rare. Enfin, l'action se déroulant au début des années 90, on sent à quel point l'actualité est obnubilée par la guerre du Golfe et ce drame en pays basque, finalement, passe inaperçu, comme une injustice de plus.

Réédition heureuse, revue et corrigée par l'auteur, Du sable dans la bouche montre une fois de plus à quel point Hervé Le Corre maîtrisait déjà, outre la narration bien sûr, les personnages et les scènes d'action pures, jamais exagérées, plutôt rapides et c'est justement ce qui fait leur efficacité. L'ultime scène, revirement inattendu, en est le meilleur exemple.

Du sable dans la bouche, ed. Rivages, 173 pages, 6, 90 euros.
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