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The killer inside me

Littérature noire

Les fleurs ne saignent pas : pluie de macchabés aux Canaris

Lola et Diego, dit le Marquis, font dans la petite escroquerie sur l'île de Gran Canaria. Par exemple, ils se font passer pour de faux porteurs de valises et dépouillent les touristes de leurs bagages. Ou bien ils font mine de remplacer des machines à sous et embarquent des pokers électroniques remplis de petite monnaie. Pas glorieux, mais avec leurs complices, Paco le sauvage, Felo le foncedé et puis Pâquerettes, cela permet de payer les factures. Et voilà qu'un jour Eusebio le gaucher leur amène le plan qui peut les mettre à l'abri un bon moment : kidnapper Diana Padron, la fille d'un escroc du BTP, expert en dessous de table politique et blanchiment d'argent russe. Un gros coup. Lola hésite puis fonce. Diego hésite et y va même à reculons. Ce qu'ils ignorent, c'est que le caïd du BTP va lâcher les chiens à leurs trousses.

Il y a un peu de Ian Levison, un zeste de Westlake, dans Les fleurs ne saignent pas,  le premier roman traduit en France d'Alexis Ravelo. Ces voyous sont du menu fretin mais surtout des pauvres gens qui tentent de survivre à l'ombre du rêve touristique des Canaris. Ils galèrent dans une société vérolée, corrompue où, une fois de plus, la meilleure façon de s'en tirer, c'est de monter des arnaques. Ravelo parvient à maintenir la tension grâce à quelques belles scènes, chez Pâquerette ou encore dans La Maison Rouge. Son artifice c'est aussi de dire très vite qu'il y a des macchabés sur le carreau et que personen ne comprend. L'idée d'une milice qui pourchasse les kidnappeurs est plutôt bien trouvée même si le réalisme en souffre parfois. Quand on voit le CV de Belmondo, chef de la sécurité, on se dit qu'il ne devrait faire qu'une bouchée de ces avortons culottés. Mais l'auteur s'en sort parce qu'il fait passer ces kidnappeurs, finalement, pour des braves gars, de sympathiques losers. Surtout lorsqu'ils sont mis en perspective avec Padron et son associé Perera, crapules finies. Alexis Ravelo a choisi son camp, ce qui est plutôt politiquement correct, et va s'en donner à coeur joie. Avec quelques instantanés de pure violence à coups de calibre, de lames... ou de fer à repasser. Les fleurs ne saignent pas revendique un statut de série B, un divertissement efficace qui joue aussi beaucoup sur le rythme. Bien tourné, avec une bonne mais trop rapide description des Canaris, un roman qui perpétue la veine du polar classique, presque caricatural, en tout cas old school,  avec ces bras cassés, ces belles filles et ces méchants, vraiment méchants.

Les fleurs ne saignent pas, (trad. Amandine Py), 412 pages, 22 euros.
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