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The killer inside me

Littérature noire

L'immense déception Diaz-Eterovic avec Negra Soledad

Qu'est-ce qui se passe chez Ramon Diaz-Eterovic ? L'auteur chilien, adepte d'un roman noir, qui donne à lire la société chilienne du XXIe siècle, dans sa misère, ses injustices, son héritage de Pinochet, se perd, avec Negra Soledad, dans une histoire à laquelle il ne semble pas croire un instant. Tout commence de façon classique avec l'assassinat de Razzetti, avocat et ami d'enfance d'Heredia, le détective privé phare de Diaz-Eterovic depuis 2001. Avocat qui bâtissait un dossier pénal sur une société minière dont l'exploitation du cuivre était en train d'empoisonner un village au nord de Santiago. Corruption, atteintes à l'environnement, menaces, grève de la faim des villageois, la trame habituelle de l'enquête sur fond d'environnement. Sauf que l'auteur chilien ne va pas jusqu'au bout. Il aborde le sujet du bout des lèvres, ne se montre pas tellement concerné par le sort des villageois et se permet d'ajouter une presque amourette avec l'aubergiste du coin. L'amour c'est d'ailleurs l'un des thèmes récurrents des aventures d'Heredia, personnage paumé, maladroit avec les femmes, préférant les conversations avec son chat Simenon. Cette fois Diaz-Eterovic lui offre une sorte de deuxième chance, assez improbable, pour ne pas dire incroyable, avec la commissaire Fabra. Tout cela tourne un peu en rond. Comme cette enquête qui voit le détective privé passer d'un suspect à un autre, alors que même le lecteur a senti le coup dès les premières pages...

Tout le roman se révèle pénible. Dans l'histoire, qui ne sait plus comment rebondir, mais aussi dans la narration avec des dialogues d'une niaiserie rare : "- Vous devrez répondre à cette question devant la police. - Qui sait ? Quand ça arrivera, je n'aurais peut-être pas grand chose à déclarer, comme disent les gens, la mémoire est fragile. - Je pourrais me montrer violent mais je veux parler de nouveau avec vous..." Ou encore " - Ton hypothèse me plaît Heredia. L'assassin de l'avocat peut nous conduire aux responsables de l'attaque du fourgon de police. - Ce ne serait pas la première fois que les fils de deux affaires différentes s'entremêlent..." On songe hélas aux pires dialogues des soaps opera américains des années 80.

Enorme déception. Ramon Diaz-Eterovic semble, ici, dépassé, incapable de redonner vie à son détective privé et même les rares scènes d'action sont traitées par dessus la jambe. D'accord la violence, à l'inverse de son compatriote Quercia, n'a jamais été sa tasse de thé mais au moins, que cela soit écrit avec un minimum d'intensité. Il y a un décalage profond et évident avec la nouvelle génération d'auteurs sud américains tel Boris Quercia.

Negra Soledad (trad.Bertille Hausberg), ed. Métailé, 346 pages, 20 euros.
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D
Bonjour, je suis étonnée par cette mauvaise critique (la deuxième que je lis). Je ne me suis pas ennuyée. L'intrigue est bien menée et j'aime toujours autant Heredia et Simenon. Bonne après-midi.
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