Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Une histoire des loups : du style mais sans la puissance

A la fois roman sur la vie presque sauvage dans le Minnesota et ses hivers glacials, sur

les turbulences de l'adolescence mais aussi sur les dérives de religion chrétienne aux Etats-Unis, Une histoire des loups, s'il est porté par une belle écriture, sonne malheureusement un peu creux. Comme si l'auteur, Emily Fridlund, jeune enseignante en université, avait privilégié son style à l'histoire elle-même. D'accord, ses bourrasques narratives correspondent sans doute très bien à la vie de cette adolescente qui, comme beaucoup, se sent un peu perdue dans le monde d'adulte qu'elle doit affronter, surtout qu'elle vit dans une cabane, loin de la ville. Mais le lecteur se perd, ne sait jamais s'il va avoir droit à des grandes scènes de fuite dans les bois, ou sur le lac, à une scène en famille ou encore au collège. En fait non, ce ne sont que des petits bouts, des instants assez courts, comme un zapping constant.

Madeline à seize ans. Elle est la fille de parents venus s'installer dans le nord du Minnesota, à 200 kilomètres de Duluth, dans ce qui était, au départ, une communauté un brin hippie (décidément...) qui a volé en éclat après quelques années. Madeline vit toujours dans une cabane très rustique, elle même s'habille de chaussures de randonnées, chemise de bûcheron sur les épaules et s'occupe de ses chiens de traîneau. Une petite sauvage pour les filles du collèges. Un jour, une famille s'installe sur l'autre rive du lac. Madeline va les voir, sympathise avec la mère, Patra, vivant seule avec son fils Paul tandis que le mari, scientifique, travaille à Hawaï. Madeline prend une place considérable dans la famille, s'occupant régulièrement de Paul, quatre ans, avec lequel elle noue une relation d'affection, de grande soeur. Une relation qui la sort de son isolement mais réveille aussi des sentiments contradictoires. Il s'agit d'ailleurs de sentiments tout au long du livre. Envers Paul, Patra mais aussi son père, le professeur Grierson accusé de pédophilie, sa camarade Lily... Madeline ne sait jamais sur quel pied danser, ni ce qu'elle attend ou peut attendre. Le lecteur, lui, sait juste qu'un drame est arrivé avec le petit Paul, une façon assez efficace et classique de ménager le suspense.

Une histoire des loups a les qualités et les défauts d'un premier roman. Encore une fois, c'est vrai qu'il y a du style, une voix mais il manque une certaine puissance, notamment dans l'appréhension de la perte de Paul, Emily Fridlund fait comme si le plus important était ailleurs, alors que cela est présenté rapidement comme un point central de la narration. Reste néanmoins un regard acide et lucide sur l'adolescence américaine, une vision naturaliste du rapport à la terre, à l'eau, aux saisons.

Une histoire des loups (trad. Juliane Nivelt), ed. Gallmeister, 294 pages, 22, 40 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
On me l'a envoyé, j'en ai entendu du bien et du moins bien, j'ai hâte de me faire mon propre avis ;-)
Répondre