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The killer inside me

Littérature noire

Les brûlures de la ville : l'IRA met la panique à Boston en 1954

Racines hardboiled. Les brûlures de la ville,

2e tome d'une très belle série, renvoient encore aux années fastes du polar à l'ancienne. Un détective privé alcoolique, boxeur, vétéran de la Seconde guerre mondiale, son ami toxico, flanquée d'une soeur battue, un flic, cousin irréprochable, des pubs aux comptoirs peuplés de poivrots et puis des airs de musique, un peu de jazz. Et du folklore irlandais.

Parce que cette fois, en cet été 1954, Cal O'Brien, le détective porté sur la bouteille donc et son ami d'enfance Dante Cooper, adepte de la piquouse, vont donner un coup de main à l'inspecteur Owen. Celui-ci était sur le point de coincer un cargo avec 5 tonnes d'armes destinées à l'Irlande et l'IRA. Problème : quand ils arraisonnent le navire, celui-ci est vide. Quelques mètres plus loin, on ramasse le corps d'un Irlandais, visiblement torturé. Dans la foulée, une demi douzaine de petits truands se font dézinguer. Owen a du mal à faire le lien. Cal s'adresse à un vieux truand. Puis au père Nolan, Irlandais repenti de la Cause indépendantiste. Mais à trop mettre le nez dans cette histoire, le trio attire l'attention d'un commando de l'IRA spécialement venu de la Verte Erin pour régler prestement les questions prioritaires. Cal, toujours possédée par la mort de sa femme Lynn, et Dante, qui doit protéger autant sa soeur que la petite Maria qu'ils ont adopté, se retrouvent dos au mur. Cal va en apprendre des bien bonnes sur son père et Dante, toujours sans boulot, va tenter de décrocher une place de pianiste dans un dancing classieux. Au coeur une ville surchauffée par la canicule, où les coupures d'électricité sont continues, le long des quais du port, chaque camp avance ses pions, ses pièces maîtresses.

Le premier tome, Les morsures du froid, avait surpris le lecteur par ses références à la tradition polar et son originalité, puisque les deux auteurs, O'Malley et Purdy, prenaient un malin plaisir à malmener leurs personnages et leur entourage : bagarres perdues, mauvaise passe professionnelle, disparitions des êtres chers... C'était une première réussite. Re-belote avec cette deuxième histoire, classique en un sens, mais toujours diablement construite, sans temps mort et deux héros, toujours aussi fouillés, aux identités bien définies. Cette fois, le lecteur est plongé dans le Boston irlandais des années 50, avec une immigration qui a conquis des quartiers entiers, reconstruit des morceaux de Galway, de Cork, de Dublin sur ce bout d'Amérique. Polar violent, dont on retient une belle scène de boxe sauvage, et puis un contrat réalisé avec la plus grande froideur, d'innombrables passages dans des pubs malfamés mais musicaux, des images incessantes de Boston cramant sous la chaleur, le mythe de l'Irlande rebelle... Beaucoup d'images fortes et particulièrement cette scène de tournage d'un film porno avec un homme singe ! Les brûlures de la ville parait parfois too much mais c'est toujours tellement bon quand un auteur, voire deux, pousse le bouchon un peu plus loin, juste pour voir si ça fonctionne. Et c'est le cas. Dans le monde du roman noir actuel, cette série se situe tout simplement dans le haut du panier. Pas sûr qu'elle dure bien longtemps mais le plaisir procuré est déjà énorme. A ne pas rater.

Les brûlures de la ville (trad. François Ross), ed. du Masque, 416 pages, 22 euros.
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