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The killer inside me

Littérature noire

Un homme doit mourir : lutte des classes dans les Landes

Trop prévisible le dernier roman de Pascal Dessaint, Un homme doit mourir.

Et donc, petite déception, après le très poignant Le chemin s'arrêtera là. Pour son nouvel ouvrage, l'auteur français ne retourne pas dans son Nord natal mais plutôt dans sa région d'adoption, le sud-ouest, plus précisément les Landes. Là, comme c'est son habitude, il fait se téléscoper divers destins.

Il y a d'abord Boris. Expert naturaliste, chargé par une multinationale de trouver le moyen de créer un site d'enfouissement de déchets au beau milieu de nulle part. C'est-à-dire en pleine Nature. Un comble pour un Naturaliste ! Et au sein de son équipe, Boris vit assez mal la chose, rongé par sa culpabilité. Heureusement, il y a Pépé, un ancien, un opposant mais un homme qu'il respecte, avec même un brin de tendresse. Et Pépé vient de trouver sur la zone, une libellule à protéger. De quoi faire échouer le projet d'enfouissement. L'endroit va devenir, pour les habitants et d'autres, une ZAD, une zone à défendre. Dans le même coin, Alexis, richissime quadragénaire doit rejoindre son ami Raphael, dans sa maison posée sur la dune. Il doit le rejoindre pour une mission mystérieuse...

Et c'est cette dernière partie qui ne fonctionne vraiment pas dans Un homme doit mourir. Le lecteur n'accroche pas aux liens superficiels qui unissent ces deux hommes d'affaires, c'est trop peu développé pour que l'on accepte cette sorte de pacte de sang entre personnes tellement bien au fait des risques, des lois. Le troisième larron, s'il est drôle un moment, n'apporte rien et Pascal Dessaint frôle parfois la caricature dans les dialogues. D'accord pour dénoncer mais auparavant il l'a déjà fait avec une vraie finesse et un souci de l'intrigue qui lui permettait d'insister sur ses idéaux sociaux (lire Mourir n'est peut-être pas la pire des choses !). Cette fois, le rôle des méchants, pas si méchants mais plutôt insupportables, est surjoué. Le fait divers qui les lie sur ces quelques jours paraît d'ailleurs très vite improbable ou alors pas assez gros. Un entre-deux presque gênant, on aurait voulu quelque chose d'énorme. Oui ces gens-là méprisent le commun des mortels mais il faut le dire avec quelques élégances. Oui ce sont des sales riches peu soucieux de leur empreinte carbone, pourtant la littérature mérite de les peindre avec justesse.

Alors que l'on s'attendait à une vraie confrontation autour de la libellule, la fameuse cordulie, c'est tout autre chose. Reste quelques beaux moments de sensualité et des scènes agréables au gîte chez Florent. Mais cela ne suffit pas.

Un homme doit mourir, ed. Rivages, 237 pages, 19, 50 euros

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