Littérature noire
24 Novembre 2017
Nouvelle aventure de Harry Hole, la légende de la police d'Oslo.
La soif. Comme la soif d'alcool bien sûr puisque le personnage principal est un ancien alcoolo. La soif de meurtre de Valentin, l'insaisissable psychopathe de l'histoire. La soif de justice enfin, toujours de Haryy Hole. Car le quadragénaire buriné et couturé n'est plus dans les effectifs de la criminelle d'Oslo. Il est devenu prof à l'école de police, il a une femme, Karen et un beau-fils, Oleg. Plutôt rangé.Et c'est Michael Bellman, directeur de la police, sondé pour être ministre dans le prochain gouvernement qui se prépare, qui l'appelle à l'aide. Une femme vient d'être égorgée en rentrant chez elle, après un rendez-vous Tinder. Et une deuxième 48 heures plus tard, toujours par une sorte de mâchoire en acier d'après la police scientifique. La peur frappe la ville, les médias se font pressant. Hole constitue une micro équipe officieuse d'enquêteurs. Mettre un nom sur le tueur, le pister, le capturer.
Jo Nesbo, on le sait ne s'embarrasse pas avec la réalité. Pour un auteur norvégien, il est plus du côté des écrivains e thriller américains, que de Mankell, Indridasson ou les maîtres Sjowall et Wahloo. Nesbo aime le rythme au delà du raisonnable, les pervers, le sadisme aussi parce que Harry Hole, chaque fois, déguste. Ses fans, et ils sont très nombreux, retrouveront dans ces 600 pages les grandes qualités d'un livre de Jo Nesbo. Notamment cette sorte de jeu de poupées russes, où le meurtrier cache quelqu'un d'autre qui lui aussi cache un autre, qui... Assez efficace et techniquement bien tourné.Mais ce n'est quand même pas dénué de lourdeurs. Sans doute le revers d'un style très appuyé. Nesbo offre des dialogues pesants et très didactiques, ne laissant que peu de place à la réflexion du lecteur, tout est expliqué, disséqué, pas de place à la rélfexion, à l'ellipse. Bien sûr, il place ici et là quelques connaissances personnelles,sur les premières poupées gonflables par exemple. Il s'essaye à la philosophie ; "elles riaient et parlaient de la vie imminente plutôt que de la mort imminente. Car la vie est magique et la mort banale." Il y a parfois un côté moralisateur chez Nesbo. Un détail un peu énervant, aussi, c'est dans la traduction française la répétition du verbe gronder : en deux lignes, il y a la sonnette qui gronde, puis le téléphone ! Et après, c'est la cafetière...
La soft, sans être un grand livre, est au rendez-vous pour tous les accros du genre et les fans de Nesbo, pas de doute. Ceux qui sont trop ancrés dans le polar, la critique sociale, la vision contemporaine d'un monde, passeront leur chemin. Il en faut pour tous les goûts.