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The killer inside me

Littérature noire

Une vie sans fin : un livre d'imposture et de paillettes

La quête de l'immortalité. Cela peut faire, et a déjà fait, de tellement bons livres. Frédéric Beigbeder, en bon dandy parisien, ne réussi qu'à faire sourire parfois et à ennuyer, souvent. Une vie sans fin est une mise en scène de ses propres expériences - cette mégalomanie - de Paris à Monterrey, en passant par Boston, Jérusalem, Genève, l'Autriche.
Très simplement, Beigbeder, à cinquante balais, ne supporte plus sa condition de mortel, refuse l'inéluctable et se fait introduire chez les plus grands spécialistes internationaux du gène, du renouvellement sanguin, du séquençage d'ADN. Pour sauter ainsi d'avions en avions, il est accompagné de sa fille, Romy, du robot de celle-ci, puis, à la fin de sa femme Léonore et de leur bébé, Lou. L'auteur va faire toutes les expériences, des diètes, des transfusions, la prise d'ADN, de cellules et, surtout, interroger, questionner les chercheurs, les spécialistes sur la possibilité, donc, d'une vie éternelle.
Le sujet est brillant et bien sûr, moderne, mais le traitement c'est un peu la compilation d'articles des magazines déposés dans la salle d'attente de votre dermato. Oui, Frédéric Begbeider nous donne deux, trois informations sur la révolution en cours, la possibilité d'introduire des gènes rajeunissants sans créer de tumeur, de rejet mais son ton est trop détaché, ironique, futile, pour que l'on s'y intéresse comme il le faudrait. N'est pas un vulgarisateur de sciences qui veut. Il faut un certain talent pour cela. Et puis cette manie de Begbeider de toujours rappeler qu'il est un fêtard, un (ex?) cocaïnomane, un animateur télé, un réalisateur. Comme lui dit son Léonore dans le livre, c'est terriblement égocentrique. Parce que finalement, il ne soucie pas des progrès de la science mais bien de son éternité à lui seul. C'est son nombril qui l'intéresse. Et ça en devient pénible. C'est par ailleurs un livre affreusement politique puisqu'à coup de journée à 1000 $ par-ci, par-là, on comprend bien que la moindre cure de jouvence ne peut concerner que les très riches de cette planète. Le truc le plus injuste qui soit. On voudrait bien des rallonges de vie pour, par exemple, l'abbé Pierre, James Crumley, Nelson Mandela, Lemmy Kilmister ou tiens, Pasteur ! Non. C'est pour ceux qui ont un gros chéquier, point. 
Frédéric Begbeider, par ailleurs, ne réussit pas du tout la fin de son livre (il réussira sans doute la fin de sa vie), hésitant entre fiction et sincérité et prouvant qu'il est lui, un vrai personnage de roman, bien plus intéressant que son oeuvre supposée, lui, en tant qu'incarnation d'un monde de paillettes, d'imposture et de superficialité.

Une vie sans fin, ed. Grasset, 345 pages, 22 euros.
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C
Oui, tu aurais du relire un Crumley et te servir un verre en réécoutant Ace of spades plutôt que de t'imposer le pensum de cet être qui ces dernières semaines se sert exclusivement de ses chroniques médiatiques pour parler de son livre. il cherche l'éternité mais ne changera pas...
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