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The killer inside me

Littérature noire

Les biffins : fuck le rural avec Marc Villard

Marc Villard avait régalé son monde en 2016 avec le beau recueil La fille des abattoirs (Rivages). Cet hiver, il revient avec une novella qui est la suite de Bird. Le lecteur retrouve donc Cécile, toujours travailleur sociale, dans les quartiers populaires de Paris. Elle est notamment affectée à la maraude, patrouillant nuitamment pour apporter une soupe, un thé ou un café à ceux qui sont dehors. Avec ses deux collègues, elle propose également un refuge de nuit. Ce soir-là, ils interviennent sur un hôtel en proie aux flammes. Enfin, ils interviennent, avec leurs maigres moyens. Sauf que Cécile brave le danger pour aller chercher un clodo qu'elle connaît, Samuraï, endormi dans le local à poubelles. Revenu de ses émotions, il lui avouera qu'il pense bien avoir vu un type sortir en courant dans la soirée. Le coupable de cet incendie ?
Cécile met cela dans un coin de sa tête. Elle est d'abord préoccupée par le boulot. Histoire de changer un peu, elle quitte la maraude pour une association qui encadre les biffins, du côté de Saint-Ouen. Là, elle découvre la rivalité entre les vendeurs à la sauvette, les réguliers, des hommes et des femmes en détresse, vivant de presque rien, une petite retraite parfois et la vente de quelques objets, vêtements. Elle se prend d'affection pour Nadia, une dame malade du sida, réellement au bout du rouleau...
Il n'y a pas d'intrigue véritable dans Les biffins. Plutôt un témoignage, à la fois de l'activité invisible et si précieuse des travailleurs sociaux, tout comme une  peinture de ce Paris populaire et loin d'être glamour. D'ailleurs, on peut se perdre dans ce Paris, tant Villard le connaît, l'aime et s'y déplace comme un poisson dans l'eau. Il en parle comme si son lecteur, lui, aussi y avait ses repères, ses habitudes. C'est bien sûr tout le contraire. Y compris dans le vocabulaire, très parisien parfois, Villard colle au pavé de ce quartier, à ses bistrots. Cela met parfois une distance avec celui qui ne comprend pas forcément les rouages de cet univers, les codes de cette vie. Hyper urbain, pas bobo évidemment, Les biffins témoigne, rend compte d'un monde. C'est presque sociologique. Avec l'humour, la liberté et la gravité d'un Marc Villard toujours inspiré.

Les biffins, ed. Joelle Loesfeld, 118 pages, 12, 50 euros.
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