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The killer inside me

Littérature noire

Que la guerre est jolie : magouilles et cocaïne en province

Le changement, thème cher à la littérature et à la littérature noire de fait. C'est ainsi le credo de Que la guerre est jolie (vers de L'adieu du cavalier, d'Apollinaire). Elise, enceinte, vient d'être embauchée en CDD par la mairie de Larmont pour rénover le site internet de cette ville au large de Paris. Khaled, après avoir été photographe de guerre, travaille pour cette même municipalité. Brahim, passe du statut de SDF à celui de boulanger. Squad, de DJ à la sauvette devient organisateur de fêtes riches en cocaïne... et puis il y a Larmont, la ville, sans doute le personnage central. Ex cité industrielle, aux prises maintenant avec des friches que le maire veut, à tout prix, transformer en repaire pour bobos fatigués de l'air parisien. A tout prix, cela veut dire avec les méthodes de Richard Deurthe, ancien mercenaire en Afrique, lui aussi dans sa période recyclage. Embrouille immobilière, bourgeoisie provinciale, trafic de cocaïne, cité aux mains des caïds, islamisme rampant... Christian Roux mêle un peu toutes ces problématiques actuelles en se fixant sur Elise, prête à dénoncer les combines de la mairie. Jeune femme de courage, de conviction, elle refuse de voir son quartier et l'ancienne usine se transformer en résidence pour cadres supérieures. Le changement, c'est aussi une affaire de racines et cette ville de Larmont pourrait perdre les siennes à tourner ainsi le dos à son passé.
Que la guerre est jolie parvient à donner une idée assez juste du paysage global de la France de Province, de cette France de 2018 prise dans ses contradictions, entre développement économique et patrimoine, culture et austérité... Mais le roman est aussi un peu fourre tout. C'est comme si Chabrol (pour la bourgeoisie pervertie) s'encanaillait avec Benoit Séverac (le bon Chien arabe), Pascal Dessaint (le monde post industriel) et Dominique Forma (ces élus et leur libido). Il y a peut-être, c'est un paradoxe, trop de bonnes idées en seulement 300 pages. Le couple Brahim-Odette était un livre à lui tout seul. Ou l'histoire de Kofi et de son business. Et celle de Richard Deurthe bien sûr. Un roman, au final bien musclé tout de même, qui laisse un peu sur sa faim.

Que la guerre est jolie, ed. Rivages, 300 pages, 19, 50 euros.
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