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The killer inside me

Littérature noire

Janvier Noir : bastons et pornographie à Glasgow

On aime Glasgow depuis que Brian McClair enquillait les buts sous les couleurs des Bhoys du Celtic à la fin des années 80. C'est comme ça. On aime Glasgow parce que c'est une ville qui sent fort, une cité de labeur, d'ivrognerie dégueulasse, un coin d'Ecosse un peu obscur, sans le relief clinquant d'Edimbourgh... Alan Parks parle bien de tout ça dans Janvier Noir. L'action s'enracine dans les premiers jours de ce premier mois de l'année 1973 et convoque tous les grands thèmes chers au polar : des puissants qui se croient tout permis, des jeunes victimes exploitées, de la pornographie et un soupçon de messes noires, avec la présence spirituelle d'Alistair Crowley. Fidèle donc aux codes du genre, Alan Parks s'attelle à offrir un personnage principal très riche. Qui a quelque chose du Jack Taylor de Ken Bruen pour sa tendance à la picole et sa capacité à prendre de grosses roustes. Ce McCoy, accro à une pute shootée à l'héro, aime le silence pour réfléchir et a une aversion profonde pour le sang. Pas que ce soit une chochotte. Il y a simplement quelque chose du traumatisme dans cette réaction. Un traumatisme qui remonte peut-être au foyer pour ados qu'il a fréquenté avec Stevie, un ami de sang, devenu LA crapule de Glasgow...
Ce 1er janvier, Howie Nairn, incarcéré à Barlinnie, a demandé à le voir. Il lui révèle qu'une jeune fille, Lorna, travaillant dans un des restos chics de Glasgow va être tuée le lendemain. Drôle d'annonce mais McCoy fait son job. Il y a effectivement une Lorna qui bosse dans un restaurant classe. Il l'attend à la gare routière lorsqu'un jeune surgit, flingue à la main, tire sur une fille avant de suicider. La fille, c'était Lorna. Secondé par Wattie, l'inspecteur va fouiller cette drôle d'histoire. Apprendre que le jeune travaillait chez Lord Dunlop, puissant parmi les puissants. Les dessous de la bourgeoise locale sont crades.
Un peu de Rolling Stones, du DavId Bowie et même du Hawkwind (!), des pubs à l'ancienne.. Alan Parks dresse un portrait sérieux de Glasgow, de ses dérives, de son état de délabrement, des arrangements de la police avec le milieu du crime et avec les riches industriels du coin. Janvier Noir possède et c'est sans doute sa première qualité le rythme qu'il faut, pétri de castagnes sauvages (à coups de marteaux) en dialogues bien sentis, face à face tendus. Ce polar est aussi une vision de ces années 70, avec libération sexuelle et drogues, jusqu'à l'extrême. D'accord des histoires de pornographie clandestine, il y en a eu dans le roman noir, mais encore une fois, si Janvier Noir n'est pas un chef d'oeuvre, c'est une solide introduction à une série qui s'annonce et Parks a su piquer  la curiosité autour de cet inspecteur, de ses relations criminelles. A l'avenir il faut peut-être que l'auteur se libère justement un peu plus des codes, qu'il trouve sa voix. En attendant, ceux qui apprécient les ambiances congelées, les villes ingrates et les flics tordus trouveront leur bonheur.

Janvier Noir (trad. Olivier Deparis), ed. Rivages, 366 pages, 22, 50 euros.
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C
Coucou Christophe,<br /> j'avais oublié qu'il passe à l'hôpital et s'en remet assez facilement, c'est vrai. Il y a ce défaut chez les auteurs, je ne parle même pas de Jo Nesbo, où le corps de leurs personnages semble fait d'autre chose que de chair et de sang. Et on en vient à la question, les auteurs de romans policiers ont-ils déjà fait du sport, ont-ils eu des courbatures un jour, sans parler de pratiquer, même rapidement, des arts martiaux...
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C
Pour beaucoup, surement pas les arts martiaux (et je sais de quoi je parle), on voit tout de suite la différence quand l'auteur pratique, par exemple, Mojo Lansdale, qui sait de quoi il parle. Dans la série Hap et Leonard, quand ils se prennent une branlée, ils ont du mal à s'en remettre - surtout quand ils vieillissent !
C
Exactement, pas tant le chef d'oeuvre vanté et chroniqué un peu partout mais un truc bien solide malgré un personnage qui se remet bien trop facilement de ses blessures....
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