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The killer inside me

Littérature noire

L'ange gardien : road trip pour une ex-star du porno

De la baise, parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. Et du sang, parce que l'on est dans le roman noir. Après le marquant Money Shot, Christa Faust revient avec un roman tout aussi court, percutant, presque pulp, qui remplit tous les fantasmes du lecteur masculin. Et peut-être aussi féminin. Car oui, Angel Dare, le personnage principal de L'ange gardien est une ancienne hardeuse, quarante balais de séduction et une approche du sexe simplement animale. Sans sentiment. Une femme qui bénéficiait du programme de protection de témoins quelques part en Nouvelle Angleterre avant d'être repérée par celui qu'elle avait balancé. Désormais serveuse dans un diner de Yuma, elle voit débarquer un ancien amoureux et acteur porno, Vic la brique (si c'est pas du pseudo génial ça !). A peine le temps de papoter, il lui présente son boxeur de fils et voilà trois chicanos qui entrent et font un carton sur Vic et le rejeton. Grosse scène de flingage tous azimuts qui en précèdent bien d'autres dans ce roman qui se repose peu.
De motel crasseux en palace de Las vegas, il y a toujours quelqu'un, pas forcément bien intentionné, pour taper à la porte de la chambre d'Angel et ses acolytes. Et dégainer de la grosse artillerie. Accompagnée de Hank, prof de boxe au cerveau en confiture et Vic, membre comme un âne et qui rêve de participer à un reality show de boxe, l'attelage est pour le moins instable...
Sans véritable fond moral, ni même social, L'ange gardien est un bon défouloir. Même très bon. D'abord parce qu'Angel est tout sauf caricaturale. Ce n'est pas l'héroïne inoxydable comme on a pu le voir par exemple chez Jax Miller. Non, elle, elle prend des coups dans la gueule, elle fait peu de sentiments, pense à s'envoyer en l'air et à sauver sa peau surtout. Ah oui, elle respecte quand même la dernière volonté de Vic. Et ça, c'est très moral. Attention, il n'y a pas d'images dégradées de la femme, parce que l'on imagine déjà les commentaires orthodoxes sur le corps des femmes, le respect qui leur est dû, la condition d'esclaves des actrices. Christa Faust parle très librement et son héroïne a aimé sa vie d'actrice, c'est cash. Et ce n'est pas plus pornographique que des types qui encaissent deux millions en une journée en vendant du cacao sur les marchés financiers.
Par ailleurs on aurait pu penser que l'introduction dans le milieu du MMA, monde interlope passionnant, serait traité un peu mieux mais Christa Faust est une ancienne travailleuse du porno et donc, elle écrit sur ce qu'elle connaît. Evitant les longueurs, les profils psychologiques et parfois la vraisemblance, l'auteure propose en fait une sorte de western, tendance Russ Meyer. Un deuxième opus tout de même supérieur au précédent parce que vraiment foutraque avec toutes ces personnes aux trousses du trio. Et puis, c'est aussi une certaine Amérique, celle de l'industrie du cul, dont on parle peu.

L'ange gardien (trad. Christophe Cuq), ed. Gallmeister, 237 pages, 21, 80 euros.
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