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The killer inside me

Littérature noire

Moby-Dick dans une nouvelle version extraordinaire

Nouvelle édition de ce livre ultime. Mais dans une version très largement augmentée. D'abord, il s'agit de la traduction de Moby-Dick par Philippe Jaworski, celle là-même qui avait été utilisée dans La Pléiade il y a une douzaine d'années. Un peu plus précise que la plus connue, à savoir celle de Jean Giono, Lucien Jacques et Joan Smith. Mais ici, chez Quarto, on a filé les clés du magasin à Philippe Jaworski pour compléter le roman de Melville.
Cela donne une introduction qui, d'abord, replace Moby-Dick dans son contexte historico-industrie, à savoir que l'aventure d'Ismaël relève aussi de l'ethnologie puisque dix ans après la sortie du livre (1851), le harpon mécanique est inventé et les baleiniers seront désormais à vapeur. Il  n'y aura plus de chasse à la baleine mais des massacres... C'est donc d'un monde disparu dont on parle. Jaworski revient aussi sur la gestation, soit dix huit mois, avec un vrai mystère puisque aucun manuscrit n'est resté. Au passage, il est rappelé que Melville ne connaîtra pas le succès de son vivant, pire, à sa mort, le New-York Times se fendra d'à peine trois lignes de nécrologie !
L'une des forces de cette nouvelle "version" c'est peut-être la présence des dessins de Rockwell Kent, artiste de la première moitié du XXe siècle. Il avait réalisé près de 300 illustrations noir et blanc du roman qui étaient parues exceptionnellement en 1930 dans un livre

édité à 1 000 exemplaires aux Etats-Unis. Cette fois, il n'y en a pas autant, elles ne sont pas toutes au format d'origine mais bon sang, elles claquent, alliant un classicisme certain à une puissance incroyable du trait. Comme si Kent avait su reproduire la projection mentale des grandes scènes du roman.


L'édition est complétée par une bio exhaustive, qui rappelle les nombreux voyages en bateaux, et sur une baleinière, de Melville. Il y a également tout une partie documentaire sur la chasse à la baleine tandis qu'en fin de livre, le lecteur retrouve de précieuses notes de l'auteur, un texte Mocha Dick ou le cachalot blanc du Pacifique qui a pu inspirer l'écrivain de Nantucket et enfin une vingtaine de témoignages d'auteurs influencés volontairement ou pas par le roman, de Jules Verne à Pérec, en passant par Hemingway, Faulkner, Brautigan, Deleuze, Updike, Le Clézio...
Moby-Dick est l'un des très rares livres que l'on peut relire tout au long de sa vie, en y découvrant chaque fois quelque chose de neuf, presque différent. Franchement, on a peu l'occasion de dépenser aussi bien 25 euros.

Moby-Dick ou le Cachalot (trad. Philippe Jaworski), ed. Gallimard, collection Quarto, 1018 pages, 25 euros.
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