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The killer inside me

Littérature noire

Le loup d'Hiroshima : sur le volcan de la guerre entre yakuzas

La guerre des gangs Yakuzas. Provocations nocturnes, jeux d'alliance et de manipulations, lutte pour les tripots, les bars à hôtesses, la came... et au milieu, un flic, le commandant Ogami. Quadragénaire auréolé d'une réputation sulfureuse, à la fois opiniâtre combattant du crime mais aussi connu pour ses accointances avec le gang Odani. Au commissariat de Kurehara Est, à Hirsohima, on lui adjoint le jeune lieutenant Hioka. Ensemble, ils doivent retrouver la trace d'un comptable disparu depuis de trop longues semaines. Un comptable qui bossait pour le gang Kakomura. Les lignes sont en train de bouger et les patrons de la police veulent surtout éviter des bains de sang, les fusillades qui, par le passé, ont fait trop de morts...
On pourrait être chez Scorsese de la première époque ou, plus logiquement, chez Kitano. En tout cas, Le loup d'Hiroshima est une splendide tranche de vie de la pègre japonaise. Le lecteur y voit évoluer les gangs, leur business, leur violence, leur hiérarchie très établie et aussi leur honneur à assumer crimes et trafics. Yuko Yuzuki ne dresse pas une image flatteuse du Milieu nippon, bien au contraire. Et même en présentant le gang Odani sous un meilleur jour que le Kakomura, elle souligne les spirales de vengeance, une forme de vendetta finalement inhérente à tout groupe criminel. Mais Le Loup d'Hiroshima ce n'est pas que les yakuzas, c'est aussi la police, la vie d'un commissariat et l'enquête minutieuse pour retrouver un homme. On sait à quel point les disparitions sont légion au Japon, pourtant celle-ci n'a rien de volontaire et le duo Hioka-Ogami va remonter un long fil de complicités. Un duo évidemment classique pour l'univers du polar, avec le flic roublard, aux limites, voire au-delà de la légalité, et le jeune "puceau", attaché au code de conduite du policier. Classique mais étonnamment frais grâce à une vie quotidienne faite de mille et un détails, grâce aussi à des personnages très riches, des scènes de rencontres police-yakuza absolument délicieuses et puis une intrigue très forte. Yuzuki a monté un plan intelligent, et même surprenant, pour sortir de la simple enquête, son Loup d'Hiroshima avance à coups d'indices mais surtout avec une tension autour de cette guerre des gangs imminente.
Le loup d'Hiroshima est une réussite entière et on peut saluer la qualité du travail de ce tout jeune éditeur, Atelier akatombo, qui se destine à la littérature de genre du Japon. C'est un premier coup magnifique et une nouvelle occasion d'entrer dans cet univers si particulier, même si il y a, ici et là, quelques touches, qui font vraiment penser à la littérature anglo-saxonne.

Le loup d'Hiroshima, (trad.Dominique et Franck Sylvain), ed. Atelier akatombo, 317 pages, 18 euros. 
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