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The killer inside me

Littérature noire

La légende de Santiago : Quinones descend aux enfers

Santiago Quinones se tape des rails de coke comme l'avant-bras. Il fume des clopes matin, midi et soir. Il aime Marina, c'est même l'amour de sa vie, mais il baise quand même avec la femme de son collègue de travail. Et puis avec des putes. Même des épicières sexy. Santiago Quinones est un flic de Santiago du Chili, réputé violent, à deux doigts d'exploser. Avec un oreiller, il vient d'étouffer son beau-père, véritable légume, comme dans un geste de bonté. Mais le dernier regard du vieillard commence à le hanter et voilà qu'il doit enquêter sur un nouveau groupe d'extrême-droite déterminé à "nettoyer" les rues de la capitale. Dans ce vortex de galères, il se retrouve dans le restaurant chinois d'un dealer. Sur le comptoir, l'un des fils du trafiquant est tout sec, deux doigts en moins... et plusieurs centaines de grammes de poudre juste à côté. Comme si ça ne suffisait pas, il fait la connaissance, au bout de trente ans, de son demi-frère, qui va lui faire une demande bien particulière...
Polar extrême, La légende de Santiago est la troisième aventure de Santiago Quinones, après Les rues de Santiago et Tant de chiens (Grand Prix de littérature policière 2016). Ame damnée, amoureux fiévreux, flic aux limite de la légalité, ce trentenaire est une figure magnifique, un héros un peu dégueulasse, pas très noble, pas toujours brillant mais ce sont justement ses faiblesses qui le rendent si charismatique, si magnétique. Quinones est un animal, " je suis la pomme pourrie dans le panier, personne ne veut rester dans mes parages. Je suis l'exemple même du flic raté, qu'on montre du doigt aux nouveaux. Pour recadrer un collègue, j'ai entendu un collègue dire  : " si tu continues comme ça, tu vas finir comme Quinones." Je suis une légende, ils me croient capables de tout et comme souvent dans les légendes, tout est faux."
Et puis Boris Quercia peint un Chili lui aussi en prise aux démons du racisme avec ici, ce groupe d'extrême-droite qui décide de s'en prendre aux Colombiens, aux Vénézueliens... Pas de discours politique non, mais un fond qui prouve une certaine universalité des plus bas instincts. L'auteur ne fait pas dans le dogme parce que ce qui l'intéresse, c'est vraiment son personnage, Santiago. Et il va le tourner dans tous les sens, drogue, sexe, violence, affection maternelle, pour en saisir toutes les facettes, comme un diamant couvert de boue. Car dessous la crasse, il y a bel et bien un homme et même un sacré bonhomme qui, s'il ne s'aime pas, aime les autres. Enfin, certains autres : les victimes. Et les femmes, bien sûr.
Construit comme une succession de plans de cinéma, le roman offre des scènes d'action suffocantes comme cette première poursuite dans le centre commerciale, des scène de sexe impeccables et même un moment d'humour irrésistible dans les toilettes d'un bar.
La légende de Santiago est d'ailleurs marquée, un peu trop jugeront certains, par ce rythme incroyable, une spirale de violences, une sorte d'engrenage, bref, il y a une pression sourde dès les premières pages (c'est la marque Quercia ça). Alors OK, ce n'est pas le plus grand roman policier de la planète, mais bon sang, c'est réellement jouissif. Et franchement bien tourné.

La légende de Santiago (trad. Isabel Siklodi), ed Asphalte, 250 pages, 21 euros.
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