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The killer inside me

Littérature noire

La danse de l'ours : Milo au sommet de ses aventures

La lecture de La danse de l'ours remonte à quelques décennies maintenant. Dans sa version Gallimard. Et c'est bien content que l'on accueille la nouvelle traduction de Jacques Mailhos, après celle de Fausse piste en 2016 puis Le dernier baiser, il y a 18 mois. L'occasion de s'assurer que cette Danse est bien l'une des meilleures aventures de Milo Milodragovitch... et c'est le cas. Trente-trois ans après sa publication, ce roman est l'un des summums du barbu du Montana. Pourquoi ? Parce que Milo y est gigantesquement lui-même : loser, charmeur, camé, bagarreur, en colère après les puissants. On retrouve avec un plaisir renouvelé cette première scène avec Sarah, le souvenir de cette partie de pêche et de la mouche fiché dans son oreille. Et l'explosion de l'infortuné Rideout. Evidemment on est toujours dans le Montana, même si on penche vers Seattle et l'île de Vashon, où l'auteur a vécu quelques temps. Et puis il ne faut pas oublier le sel de cette histoire, ces Amérindiens, leur terre spoliée et ce trafics de déchets. Il y a tout Crumley ici et Gallmeister (qui place encore de superbes illustrations noir et blanc de Aude Samama) doit être remercié pour permettre aux lecteurs française d'être enfin plus proche de la langue de l'auteur. Nouvel exercice de comparaison des traductions, parfois proches, parfois à des kilomètres

Chapitre trois : Version Gallimard (François Lasquin) : " après avoir pris une douche pour me débarrasser du Coca-Cola et des chips ramollies qui me poissaient les cheveux et le dos, je me changeais et je m'offris une petite ligne de coke, mais ça ne me réconforta guère."
Version Gallmeister (Jacques Mailhos) : " après avoir rincé sous la douche le mélange poisseux de soda et de chips de mes cheveux et de mon dos, enfilé des vêtements propres, et fais un petit somme, je me sentis aussi vieux que je le serais jamais."

Chapitre cinq : Version Gallimard : " pour justifier que j'accapare ainsi la cabine, j'ouvris le journal à la page des petits annonces immobilières et je feignis de passer coup de fil sur coup de fil."
Version Gallmeister : " j'accaparais la cabine en ouvrant le journal à la page des annonces immobilières et en faisant mine de passer des appels."

Chapitre dix : Version Gallimard : " Jamison me maintint collé à la cloison d'une main, et d'un revers de l'autre il balaya la coke qui se répandit sur le carrelage douteux. Je lâchai un geignement et là-dessus il souleva le couvercle du chiotard et me poussa la tête dans la cuvette comme si c'était un miroir..."
Version Gallmeister : " Tout en me maintenant debout d'une main, Jamison balaya la coke sur le carrelage; je poussais un geignement; puis il souleva le couvercle du siège et tira ma tête vers la cuvette comme si c'était un miroir..."

Chapitre treize : Version Gallimard : " Mes intentions étaient des plus sérieuses, et j'avais tout un tas de bonne raison. Ma ville natale était morte en moi, et j'avais soif de soleil et de simplicité. Mais arrivé à Red Bluff, dans le nord de la Californie, je m'avouais battu, je rebroussai chemin..."
Version Gallmeister : " J'avais les meilleures intentions du monde, et toutes les rasions imaginables. Ma ville chérie était morte en moi, et j'avais une puissante envie de soleil et de simplicité. Je parvins jusqu'à Red Bluff, en Californie, et puis j'abandonnai. Je fis demi-tour..."

La danse de l'ours (trad. Jacques Mailhos), ed. Gallmeister, 308 pages, 22, 60 euros
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