Littérature noire
19 Septembre 2019
Premier roman pour le Français Sébastien Verne et une impression mitigée à la fin Des vies débutantes. Histoire en trois parties : l'arrivée aux States et un job de taxi, le déménagement dans le Maine et le cambriolage, puis la conclusion 20 ans plus tard.
Ce sont les dernières pages qui laissent ce goût d'inachevé, toute la partie "indienne" est difficile à avaler, pas seulement inattendue, plutôt superficielle. Surtout si on a lu Tony Hillerman. Ici, on passe d'une intrigue policière, d'un coup fourré à une scène chamanique. Et cela donne une direction au roman qui est trop radicale.
Parce que la première partie Des vies débutantes est très bien réussie. Le lecteur sent le vécu dans ces ambiances de campagne du Wisconsin, de dancing pour cheveux gris, ces déjeuners pris sur le pouce dans des établissements perdus, les appels pour les clients. Là, Sébastien Verne, avec peu de mots et un grand sens de l'ambiance, capte l'attention. Puis, c'est un premier changement, tout autre chose avec Adrien, petit Français, qui quitte son taxi pour devenir adjoint dans un grand centre photographique. Il se lie d'amitié avec Travis, photographe qui veut repartir sur les lieux de conflit en Afrique, pour témoigner. En compagnie de Gloria, ils dérobent des clichés qui font partie de l'histoire de la photographie, de quoi assurer leur avenir. Sauf que Travis fuit avec le butin...
Sébastien Verne a vraiment l'art de faire du policier, hors du cadre habituel. Il ne noircit rien, le lecteur ne baigne pas dans le glauque, le social, c'est même le contraire avec ces jeunes qui ont chacun leurs rêves, leurs compétences artistiques et cet Adrien qui se voit offrir une vraie chance de vivre son rêve Américain. L'auteur ne passe pas à côté de son sujet, on sent même cette fascination, cette passion pour la photo et c'est aussi l'un des bons côtés de ce roman. Mais voilà, la fin sonne bizarrement. On comprend bien qu'Adrien a vu ses rêves partir en fumée, son ambition américaine se noyer dans cette arnaque mal ficelée. Pourtant, il manque un petit quelque chose.
Des vies débutantes, ed. Asphalte, 187 pages, 16 euros