Littérature noire
2 Octobre 2019
Rebelote pour Joseph Knox qui, un an après le très bon Sirènes, revient avec son jeune inspecteur de la criminelle Aidan Waits. Chambre 413 est tout aussi tortueux que son prédécesseur sur un modèle wodunit très classique. A savoir : le corps d'un homme est retrouvé dans la chambre d'un hôtel abandonné depuis peu. Le cadavre en question, figé sur un étrange sourire, n'a aucun papier d'identité, des empreintes digitales savamment effacées et le sang empoisonné. Une énigme complète.
Détesté de sa hiérarchie pour ses addictions précédentes, considéré comme un flic pourri, Aidan Waits doit aussi supporter son binôme, son supérieur, Sutt, pressé de boucler les affaires, antipathique et fainéant. Le cabinet de notaire chargé de la vente de l'hôtel, les propriétaires, les vigiles de jour et de nuit sont entendus mais, apparemment, il y a une prostituée, qui travaillait dans ces chambres désertes, à retrouver. Peut-être une piste ? A moins que ce soit le bâtiment qui soit au coeur du dossier. Pour le rookie de la police de Manchester, côté vie privée, il va falloir aussi composer avec le retour de son beau-père criminel. Une présence remplie de menaces qui lui rappelle le cauchemar de sa jeune enfance.
Comme son prédécesseur, Chambre 413 est un petit modèle de noirceur et 'd'intrigues complexes. Le lecteur se perd avec plaisir dans ce labyrinthe, certain de retomber sur ses pattes à la fin. Joseph Knox a du talent et, s'il ne renouvelle pas totalement le genre, lui donne un sérieux coup de nerfs avec ce qu'il faut d'amour perdu, de victimes malheureuses et de bagarres à poings nus. Hardboiled, sans paysage social ni considération politique, Chambre 413 confirme la qualité d'écriture de son auteur, visiblement au fait de tous les codes du genre. Cette série Aidan Waits est noire, sans espoir, sans soleil. A déguster.
Chambre 413 (The smiling man, trad. Fabienne Gondrand), ed. du Masque, 411 pages, 21, 50 euros