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The killer inside me

Littérature noire

L'expérience : le bon vieux temps du LSD financé par la CIA

Diméthyltryptamine. Ou DMT. Substance chimique hallucinogène puissante, un bon gros shoot de visions, de sensations. A l'image du LSD. Qui a longtemps été au coeur d'un programme de manipulation mené par la CIA, le fameux MK Ultra.
C'est de tout cela dont il s'agit avec L'expérience d'Alan Glynn. En 2018, Ray Sweeney est entre le journaliste et le détective, il bosse sur les infos, les ragots, les fake news, notamment pour une députée en quête de réelection. Une élue qui lui présente son vieux père, Clay, sorte de mythe de la politique américaine, passé par toutes les institutions depuis 60 ans. "Je connaissais un Ned Sweeney dans le temps, lui dit-il. Il était de Coney Island" "C'était mon grand-père. Il s'est suicidé" "Non jeune homme... il ne s'est pas suicidé" Et le petit-fils de reprendre contact avec cet intrigant vieillard, diagnostiqué Alzheimer deux ans plus tôt et qui semble en pleine possessions de ses moyens.
En même temps que Clay Proctor livre des bribes d'informations, Alan Glynn déroule l'histoire de Ned Sweeney en 1953. Comment il a mis la main sur un flacon de MDT 48 et comment une demi-goutte le rend plus alerte, plus vif, en un mot plus intelligent. Au point de, d'abord, faire fortune dans les jeux de cartes puis d'intéresser des hommes politiques grâce à ses intuitions et de surprendre des scientifiques sur les essais de la bombe à hydrogène.
Pour le lecteur la question est : comment Ned Sweeney est-il mort ? Pourquoi a -t-il sauté par une fenêtre du quatorzième étage d'un hôtel ? Pour le petit-fils, à l'heure du complotisme, des réseaux internet, la question est autre : cette histoire est-elle seulement réaliste ?
Alan Glynn, surfant sur le mythe de la drogue omnipotente, nous rappelle à quel point des programmes gouvernementaux ont poussé le bouchon très loin en terme de manipulation des masses. Il nous rappelle aussi, au passage, la puissance par exemple des lobbys du tabac, l'interpénétration du pouvoir avec ces riches industriels. On peut regretter une petite longueur sur la fin du roman, comme on peut regretter que les deux personnages principaux, le grand-père et son petit-fils, ne soient pas plus fouillés mais ça reste un excellent divertissement. Ce que l'on attendait.

L'expérience (Under the night, trad. Fabrice Pointeau), ed. Sonatine, 301 pages, 21 euros
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