21 Janvier 2020
Après Bondrée et Rivière tremblante, Andrée A. Michaud revient avec un thriller assez différent. Tempêtes n'est plus une histoire de disparitions, comme précédemment, mais bien un roman sur la folie, la schizophrénie. Et cela s'ouvre ainsi avec le suicide de l'oncle Adrien, laissant en héritage à sa nièce, une maison perdue dans les bois aux pieds de Cold Mountain, le Massif Bleu. Marie Saintonge, la nièce en question, prend possession des lieux la veille d'une tempête de neige qui voit s'abattre 60, 70 centimètres de poudreuse, voire plus. Un homme, frigorifié, vient taper à sa porte que Marie s'empresse d'ouvrir. Rêve ou réalité ? L'homme s'en va avant de revenir, de se réchauffer devant le feu puis... de se pendre dans la chambre. Marie commence à avoir de sérieuses hallucinations, des visions morbides de personnages effrayants rôdant à l'extérieur, elle tombe aussi sur les dessins de bonhommes effrayants sur la trappe de sa cave.
Changement de décor, quelques mois plus tard, Ric Dubois, double d'un écrivain célèbre, découvre ce dernier flottant dans sa piscine. Un calibre posé tout près. Suicide. Ric négocie avec l'agent de l'écrivain une avance de 75 000 dollars pour finir lui-même le roman en court. Pour cela, il file lui aussi aux pieds de Cold Mountain, dans un camping. Si lui n'a pas de talent, la réalité en fourmille. Une femme est retrouvée morte dans la rivière. Puis un homme, sombre crétin qui avait agressé Ric un matin, se prend de la même manière pour le saumon qu'il n'est pas. Du coup, le malheureux Dubois se retrouve mis au rang des suspects. Et puis lui aussi commence à entendre quelqu'un rôder autour de son mobil home.
L'auteur de Bondrée a voulu se plonger dans le thriller psychologique. Elle s'y prend plutôt bien pour qui aime le genre. L'ambiance Nature hostile (une constante chez Michaud) alliée aux visions des protagonistes donnent un côté Twin Peaks à l'ensemble, avec même ce diner inquiétant et ses personnages étranges. Mais le problème des thrillers c'est bien cette absence de plan social ou politique. Du coup, on s'ennuie plus que de raison à suivre les errements de Ric Dubois et Marie Saintonge (qui sont plus courts ceci dit). Le sentiment de tourner sur soi-même à grande vitesse, avec un vertige et la sensation de ne rien voir. La tension est là mais cela manque de fil à suivre, d'explications, surtout si on est un lecteur un peu trop rationnel. Au final, une déception.
Tempêtes, ed. Rivages, 334 pages, 20 euros