Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

L'amitié est un cadeau à se faire : Sopranos au féminin

Quatrième roman de William Boyle et l'auteur new-yorkais, désormais installé dans le Mississippi, retrouve les accents de son fameux premier roman Gravesend. L'amitié est un cadeau à se faire possède cette même palette de personnages centraux, cette volonté de rédemption, le tout mâtiné de nombreux dialogues, d'un soucis du détail et de brins d'humour. Ce nouvel opus de Boyle est noir comme peut l'être un épisode des Sopranos. D'ailleurs, l'auteur en digne héritier des Giannini de New-York saupoudre volontiers son histoire d'italianité, des images de tournage des Affranchis encadrés dans les boutiques jusqu'aux recettes de cuisine et la boulangerie Elegante de Brooklyn.
Tout commence avec la sexagénaire, Rena Ruggiero, veuve de Vic le tendre, caïd respecté. Elle se fait lourdement draguer par Enzio, octogénaire libidineux, qui finit par se reçevoir un bon coup de cendrier sur le coin de l'occiput. Le type semble clamsé. Paniquée, Rena fuit dans la Chevrolet Impala 62 de l'importun. Elle veut se réfugier chez sa fille Adrienne. Mais, fâchées depuis de nombreuses années, celle-ci la laisse à la porte. C'est à dire qu'elle attend Richie, son mec, mafieux aussi, qui est parti sulfater des membres de son gang pour récupérer une valise d'un demi million de dollars. Du coup Rena se réfugie chez la voisine de sa fille, Wolfstein, star du porno dans les années 80. Enzio va rappliquer la tête dans les bandages, mais aussi Bobby, un type que Wolfstein a escroqué il y a quelques mois. Sans oublier Richie. Et puis Lucia, petite fille sauvage de Rena, adolescente en guerre avec sa mère et le reste du monde. Dans une scène qui n'est pas sans rappeler les derniers moments de Reservoir Dogs, tout ce monde se retrouve au milieu d'un salon, les uns menaçant les autres avant qu'un coup de feu résonne et qu'un marteau apparaisse.
L'amitié est un cadeau à se faire possède un fond riche, une naration faite de poursuites, de retournements, de délicieuses invraisemblances (cette poursuite en voitures !) et puis des dialogues tellement savoureux, jouant le décalage entre personnages bigger than life. William Boyle mène parfaitement sa barque, retrouve le rythme justement de Gravesend mais le roman pêche par certaines longueurs, des détails trop nombreux, trop importants. Ici, un commerce dont il faut raconter l'histoire, là un pont, là une rue...le lecteur se retrouve un peu aux prises avec les souvenirs envahissants de chaque coin du quartier.
Reste que le roman, parfois bien cru comme on les aime, offre des portraits de femmes sensationnelles, ex porno star qui raconte ses anecdotes d'étalons, femme de mafieux qui n'a jamais voulu rien voir ni savoir, jeune fille casse cou qui s'enfuit pieds nus. Boyle, dans un style assez cinématographique, met tout son ceur dans la vie de ces fortes personnalités, aux prises tout de même avec des hommes violents, stupides ou simplement collants. Alors oui, c'est peut-être un brin long parfois.

L'amitié est un cadeau à se faire (A friend is a gift you give yourself, trad. Simon Baril), ed. Gallmeister, 375 pages, 23, 80 euros
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article