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The killer inside me

Littérature noire

L'arbre à bouteilles : Hap et Leonard sur la trace d'un tueur d'enfants

Milieu des années 90, Est du Texas. Hap, homosexuel black d'une bonne trentaine d'années, apprend la mort de son oncle Chester, l'homme qui l'a élevé. Il embarque son ami Leonard, pur hétéro, aux obsèques qui se tiennent dans la ville de Laborde. Sur place, le neveu apprend, de la bouche de la belle avocate Florida, qu'il hérite d'une maison et de cent mille dollars. La baraque, même voisine d'une crack house tenue par de misérables crapules, peut être mise en valeur si les deux amis se retroussent les manches. Entre deux suées, les gens du coin commencent à leur raconter que Chester, qui rêvait d'entrer dans la police, parlait beaucoup d'un trafic d'enfants dans le quartier. Qu'il avait aussi un peu perdu la boule. Bim ! C'est là qu'Hap et Leonard découvre, sous le plancher, un coffre renfermant le cadavre d'un enfant... Des soupçons pèsent alors forcément sur le tonton. Sur le trottoir d'en face MeMaw, vieille dame aux talents certains pour les tartes, les met sur la piste d'un ami de l'oncle. Trop tard, celui-ci vient de se noyer dans son bibliobus au fond d'un étang. Là, les deux amis commencent à s'énerver.
Premier tome, paru en 2000 en France, des aventures de cet impyable duo, L'arbre à bouteilles (qui n'est en fait que le deuxième, Les mécanos de Venus, premier opus, sortant quelques années plus tard) est une petite gourmandise qui, sous des airs de polar d'action, recèle de très bonnes questions sur, toujours, la condition des noirs aux USA et spécialement dans ce coin du pays. Mais attention, il ne s'agit pas pour autant de faire ici du politiquement correct.
De même, la relation sentimentale entre Leonard et la jolie black Florida livre quelques réflexions sur le fossé racial et sur la complexité d'une telle aventure pour l'avocate au sein de sa communauté.
On parle souvent de Joe Lansdale comme d'un storyteller et il n'y a rien de plus vrai. Sans trop se préoccuper de style, l'auteur avance dans son histoire, avec une narration très classique mais redoutablement efficace, qui s'appuie donc sur des dialogues assez irrésistibles, parfois aussi très sérieux, et une mise en route immédiate. On apprécie également, avec le recul, une absence de contemplation devant la Nature, geste littéraire devenu tellement usé aujourd'hui. Lansdale amène, par ailleurs, avec une régularité de métronome des personnages secondaires forts, que ce soit un flic sympa, un pasteur colérique, une mémé craquante, des dealers pourris... chacun d'entre eux vient donner du relief au duo, lui donner un peu plus de chair. Et question chair, il y a également une scène géniale de baston avec les toxicos, un morceau de choix, généreux en gnons, coups de tatanes, de crosse et feu de joie. Jouissif.
C'est une évidence, ce premier tome est une réussite complète, le genre de littérature populaire de grande classe, vraiment originale dans sa paire de héros, et qui ne se prive pas d'une bonne photographie des Etats-Unis au mitan des 90's.

L'arbre à bouteilles (Mucho mojo, trad. Bernard Blanc), ed. Série Noire, 350 pages.
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C
Oh, oui, que c'était bon !!!!!
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